Dans l’édition de cette semaine de l’actualisation du Conseil International des Infirmières (CII) sur la COVID-19, nous insistons sur le travail important et notable de nos associations nationales d’infirmières (ANI).
Les ANI donnent l’impulsion dans le cadre de la COVID-19 en matière de politiques de santé, de sécurité publique et des patients et de confinement du virus. On observe que dans les pays où le système de santé a été très réactif face à cette situation, il y a toujours une ANI forte prodiguant des conseils sur la pratique clinique, la sécurité et la qualité des soins.
Les pouvoirs publics reconnaissent le rôle des infirmières en première ligne contre le virus (cliquez ici pour voir le reportage de la chaîne de télévision publique CCTV sur le travail de l’Association chinoise des infirmières, où interviennent également Annette Kennedy, la Présidente du CII et Howard Catton son Directeur général). Mais le rôle moteur déterminant des ANI ne peut pas être sous-estimé (le Président Kyung-Rim Shin de l’association coréen d’infirmières a insisté sur ce point lors d’un entretien télévisé, après une visite à Daegu, la région la plus touchée de République de Corée).
Annette Kennedy, la Présidente du CII, a déclaré :
« Les ANI sont des organisations fondamentales disposant d’une expérience et d’une expertise très vastes en matière de soins infirmiers, et leur contribution à la planification des politiques et des interventions d’urgence dans de telles situations – mais aussi pour gérer les services de santé – est vitale.
Chacune des infirmières prenant en charge ces patients met potentiellement sa propre santé en danger, et nous savons que de nombreuses infirmières contractent le virus malgré tous leurs efforts pour se protéger.
Nous demandons instamment aux services de santé de soutenir les infirmières et les autres agents de santé en première ligne, qu’ils soient au travail ou en quarantaine, en veillant à ce qu'ils disposent de périodes de repos adéquates, d'équipements de protection individuelle suffisants et d'un appui psychologique. »
M. Catton, le Directeur général du CII, a déclaré que le rôle moteur des ANI est capital pour contenir le virus :
« Des systèmes de santé solides vont de pair avec des associations d’infirmières fortes. Nous constatons que les ANI du monde entier se proposent pour coordonner la gestion des efforts en vue de traiter la COVID-19.
Ce sont des partenaires essentiels réclamant à juste titre d’avoir leur mot à dire dans les plus hautes sphères décisionnelles car elles disposent d’une expertise clinique inestimable et, par l’entremise de leurs membres, d’une ligne directe vers les informations clés sur le terrain.
Les ANI jouent un rôle vital en façonnant, en renforçant, en enrichissant et en développant les systèmes de santé ; l’expertise, les conseils, les données factuelles et la prise directe avec les soins infirmiers à la base sont une partie fondamentale de la gestion réussie de ces flambées de maladie, comme de celles qui surgiront demain.
En outre, les ANI jouent un rôle crucial en se faisant l’avocat des personnels infirmiers partout dans le monde afin de leur assurer soutien et protection. »
Le Conseil International des Infirmières (CII) continue d’œuvrer en étroite collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ses associations nationales d’infirmières (ANI) membres pour aller au-devant des 20 millions d’infirmières dans le monde durant la crise actuelle de COVID-19.
Voici quelques-uns des rapports que nous avons reçus ces derniers jours :
LA CHINEEn Chine, qui était l’épicentre de la flambée de maladie, plus de 28 000 infirmières se sont rendues dans la province du Hubei pour lutter contre la COVID-19, dont près de la moitié des infirmières des unités soins intensifs du pays (5 500). Leurs efforts ont contribué à guérir plus de 44 000 personnes à ce jour, soit environ la moitié du nombre total de personnes infectées.
Xinjuan Wu, le Président de l’Association chinoise des infirmières, a déclaré :
« Les infirmières sont la pièce maîtresse de cette bataille car elles œuvrent pour les patients infectés. L’Association chinoise des infirmières est solidaire de nos collègues des soins infirmiers et des soins de santé, et travaille en étroite collaboration avec le Comité national de la santé pour fournir des directives à l’équipe professionnelle et des conseils au public pour lutter contre cette grave flambée de maladie. »
CCTV, la chaîne de télévision publique chinoise, a salué le travail de l’Association chinoise des infirmières et l’appui et la solidarité internationale manifestés par le CII au cours de la crise de COVID-19.
Cliquez ici pour voir le reportage de CCTV sur le travail des infirmières chinoises en première ligne contre la COVID-19.
LA COREE
L’association coréen d’infirmières (KNA) mène des recherches pour savoir combien d’infirmières et d’agents de santé ont contracté la COVID-19.
À Daegu – zone la plus touchée de Corée du Sud –, la KNA, en étroite collaboration avec le Gouvernement, a recruté des infirmières diplômées supplémentaires. Elle a également distribué environ 10 000 masques chirurgicaux à Daegu et 5 000 dans les autres régions touchées.
Dans une déclaration, la KNA a indiqué que :
« En raison de la demande croissante de lits d’hôpitaux dans la province de Daegu, de nombreux patients ont été transférés vers des établissements médicaux avoisinants, augmentant le risque que le personnel de santé de première ligne soit en contact avec des cas confirmés de COVID-19. La lutte contre la flambée de maladie est une responsabilité partagée et la protection du personnel de santé de première ligne est une nécessité.
Shin Kyung Rim, le Président de la KNA et Hyeonju Kim, la représentante de l’association, se sont rendus dans les lazarets désignés au niveau national, près de Daegu, pour voir de leurs yeux ce que vivent les infirmières de première ligne.
La réduction drastique de l’offre mondiale d’équipements de protection individuelle (EPI) met en danger la vie du personnel de première ligne et des patients. En outre, le port d’un masque N-95 avec un EPI empêche de respirer normalement, ce qui est d’autant plus éprouvant.
Pour économiser l’EPI de niveau D, qui est à usage unique, les infirmières se rendant dans les chambres d’isolement le portent durant trois à quatre heures d’affilée, faisant leur travail mais effectuant également d’autres tâches très exigeantes physiquement, comme de nettoyer les chambres des patients et d’autres endroits et d’éliminer les déchets biomédicaux des chambres d’isolement.
Bien qu’il n’existe pas de directives fondées sur des données probantes concernant le nombre d’heures maximum pour porter l’EPI de niveau D, les infirmières ont signalé des maux de tête, des étourdissements, des nausées, des vomissements et des dyspnées au-delà de deux heures à le porter.
Dans un établissement, il n’y avait pas de chambre à pression négative ni de chambre d’isolement mobile, ce qui présentait un risque potentiel de transmission du virus. Nous avons demandé au gouvernement d’y faire parvenir d’urgence les chambres d’isolement portables disponibles.
La KNA renouvèle son soutien aux infirmières : les personnes confient leur santé à ces agents de santé dévoués se trouvant en première ligne. Nous sommes redevables envers notre personnel de santé de première ligne : ce sont d’authentiques héros et nous devons prendre la mesure de leur véritable contribution aux soins de santé mondiaux. »
Cliquez ici pour voir l’entretien avec le Dr Kyung-Rim Shin, le Président de la KNA, accordé à la télévision sud-coréenne, décrivant les conditions difficiles dans lesquelles travaillent les infirmières.
TAIWAN
Lian-Hua Huang, la Présidente adjointe de l’association des infirmières de Taiwan (TWNA), a déclaré que suite à la flambée du SRAS de 2003, l’association s’est armé pour affronter la COVID-19.
« Après le SRAS en 2003, le Réseau médical de lutte contre les maladies transmissibles a été créé, qui comprend six sous-régions, 134 lazarets et 1 100 chambres d’isolement à pression négative, en vue de dispenser les soins appropriés et adéquats aux patients atteints de maladie transmissible.
Les tests de dépistage de la COVID-19, mis en place dès le début de la flambée de maladie, et les tests destinés au public sont gratuits. Le 20 janvier, le Gouvernement a activé le Centre de commandement central des épidémies (CECC). Taïwan a fait appel à une nouvelle technologie pour classer l’historique de voyage des personnes durant les 14 derniers jours, prenant également en compte le balayage du code QR et les notifications en ligne et les symptômes cliniques, pour aider à identifier les cas. Presque tous les bâtiments publics disposent de désinfectants pour les mains et procèdent à un contrôle de routine de la température.
À partir du 24 janvier, l’affectation des ressources a été contrôlée et surveillée par le Gouvernement central, qui a notamment interdit l’exportation de masques, fixant leur prix et utilisant des fonds publics et du personnel militaire pour augmenter leur production. Le Gouvernement a déployé de façon anticipée trois millions de masques N95 et trois millions de robes d’isolation pour garantir l’approvisionnement du personnel médical de première ligne.
À Taïwan, les infirmières jouent un rôle essentiel dans la prestation des soins de santé, tant à l’hôpital que dans la collectivité. La TWNA et la Taiwan Union of Nurses Association, les deux plus grandes associations d’infirmières, parlent au nom des infirmières pour veiller à ce qu’elles disposent de suffisamment d’équipements de protection individuelle et de subventions ciblées. Des subventions ciblées ont été approuvées par le Gouvernement pour les infirmières et les médecins concernés, qui reçoivent un paiement supplémentaires depuis début mars. Le Gouvernement et les hôpitaux ont également mis en place un système de soutien aux infirmières prenant en charge les patients infectés et se trouvant en quarantaine. »
Le professeur Huang a déclaré que la réaction rapide et la grande vigilance du CECC, ainsi que la collaboration interministérielle, sont les clés du succès pour contenir la COVID-19. « Le Gouvernement, le système de santé et le public restent vigilants », a-t-elle déclaré.
IRAN Le Président Mirzabeigi, de l’Organisation des infirmières de la République islamique d’Iran (INO), a déclaré que la sécurité des infirmières en tant qu’agents de première ligne du système de santé est très préoccupante.
« Nous savons qu’un certain nombre de nos infirmières et de nos médecins sont infectés par le virus et nous avons demandé de plus amples informations au Ministère de la santé. Nous acceptons avec gratitude l’appui du CII et de toute autre ANI pouvant nous envoyer des directives et nous faire part de son expérience.
En collaboration avec le Ministère de la santé, nous avons créé un comité d’urgence pour la COVID-19. L’INO a activé ses 140 antennes pour informer les infirmières sur les précautions générales à prendre concernant la COVID-19 et a réalisé une vidéo à but pédagogique pour le grand public pour prévenir et lutter contre la maladie. Nous avons également fait appel à des infirmières bénévoles pour travailler dans les hôpitaux durant cette situation d’urgence. »
ITALIE
Walter De Caro, le Président de l’association italienne des infirmières (Consociazione Nazionale Associazioni Infermieri – CNAI), a déclaré que la situation est très grave, les infirmières travaillant durant de longues heures dans toutes les régions du pays. De nombreuses infirmières ont contracté le virus et sont en soins.
« Les infirmières doivent gérer l’angoisse et la peur tout en restant calmes et en donnant des conseils avisés.
Les directeurs d’hôpitaux appellent les infirmières retraitées à venir prêter main forte. Les régions d’Italie se rendent désormais compte de la nécessité de recruter davantage d’infirmières et prévoient d’engager 2 à 3 000 infirmières supplémentaires dans les prochaines semaines.
Sous pression, les responsables ont modifié les procédures des services d’urgence et doublé le nombre de lits des unités de soins intensifs. Dans toute l’Italie, des tentes de pré-triage ont été placées à l’extérieur des services d’urgence à des fins de diagnostic. Dans les zones de flambée de maladie, des infirmières et des médecins sont restés en permanence à l’hôpital durant 14 jours. »
IRLANDE
L’organisation irlandaise des infirmières et des sages-femmes (INMO) a engagé des discussions de haut niveau avec les responsables de leur système de santé sur la réponse à apporter au coronavirus. Les principales questions soulevées, faisant l’objet de négociations et défendues, sont les suivantes :
NOUVELLES DIRECTIVES OMS
L’Organisation mondiale de la Santé a publié de nouvelles directives pour la prévention et la lutte contre les infections, comprenant un outil d’évaluation et de gestion du risque d’exposition. Il peut être consulté ici.
Le CII publiera d’autres rapports d’ANI luttant en première ligne contre la COVID-19 dans les semaines à venir et prévoit d’organiser un webinaire dans les plus brefs délais. Il invite les ANI à partager leur expérience et à dispenser des conseils sur la façon dont elles affrontent à la pandémie, qui pourrait s’avérer être un moment charnière des soins de santé du 21e siècle.
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Crédit d'image: CLAUDIO FURLAN/LAPRESSE/AP