Le Conseil International des Infirmières (CII), dans sa prise de position sur Les infirmières, le changement climatique et la santé, expose un engagement fort envers une action sur le climat menée par le CII, par les associations nationales d’infirmières et par les infirmières en général. Le CII est convaincu que la profession infirmière a le devoir de contribuer à l’adaptation au changement climatique et à l’atténuation de ses effets, à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la protection de la santé et du bien-être, de même que de défendre la justice sociale.
Le CII est membre de la Global Climate and Health Alliance (GCHA), une organisation dont l’objectif est de s’attaquer au changement climatique d’origine humaine ainsi que de protéger et promouvoir la santé publique ; l’Alliance travaille activement sur plusieurs projets en lien avec le climat tout au long de l’année. Le Dr Gill Adynski, infirmière et analyste en politiques de soins infirmiers et de santé au CII, fait partie d'un groupe de travail de la GCHA qui cherche à faire avancer le programme sur le climat et la santé au sein de l'Organisation mondiale de la Santé et des Nations Unies.
Le CII a signé récemment la pétition en faveur d'un traité de non-prolifération des combustibles fossiles, qui appelle à l’abandon des combustibles fossiles – charbon, pétrole et gaz – et au soutien à une transition juste.
Les infirmières à la COP27
Un certain nombre d'infirmières ont assisté à la COP27 qui s'est tenue à Sharm el-Sheikh, en Égypte, du 6 au 18 novembre. Le CII a suivi les débats en ligne, pour se tenir au courant des décisions prises sans toutefois augmenter son empreinte carbone en faisant voyager des membres de son personnel.
Le Dr Katie Huffling, membre du Réseau NP/APN des infirmières praticiennes et de pratique avancée du CII, également Directrice exécutive de l'Alliance of Nurses for Healthy Environments, a assisté à la COP27 au nom des efforts de son organisation contre le changement climatique.
Évoquant son expérience à la Conférence, le Dr Huffling a souligné qu’il était « absolument vital que les infirmières participent à la COP27. Le travail des infirmières passe beaucoup trop facilement inaperçu, alors même que, tout au long de leur histoire, elles ont été à l’origine d’innovations en matière de santé publique ainsi que du travail avec la communauté pour prévenir les maladies. Or, ces mêmes compétences seront vitales pour faire face à la crise climatique. Et pourtant, pendant la majeure partie de l'histoire de la COP, ce n'est pas nous qui avons porté ce travail. À Sharm el-Sheikh, j'ai rencontré des délégués du monde entier et j’ai insisté auprès d’eux sur la ressource irremplaçable que constituent les infirmières de leurs pays. »
Le Dr Connie Sensor, agent de liaison de la League of Women Voters auprès des Nations Unies et membre de l’American Nurses Association – organisation affiliée au CII – était également présente à la COP27 pour y faire entendre la voix des infirmières et des femmes.
Le Dr Sensor a indiqué qu'elle participerait à la manifestation pour la santé organisée en marge de la COP27 et qu'elle y représenterait les infirmières. Elle aussi a souligné l'importance de la présence des infirmières à la COP27, insistant sur le fait qu’elles devaient « profiter de l'occasion pour sensibiliser à l'impact du changement climatique sur la santé humaine et au rôle que nous jouons dans la recherche de solutions innovantes. Il faut lancer un mouvement mondial destiné à renforcer le rôle moteur des infirmières et des femmes dans les instances de négociation, pour des environnements plus sains et pour la pérennité de la planète. »
Le CII soutient les efforts déployés en faveur du climat à la COP27 et dans le monde entier. Il encourage ses membres, les associations nationales d'infirmières, de même que les infirmières individuelles à s'impliquer dans les efforts en faveur du climat, de l'environnement et de la santé de la planète.
Contexte : Qu'est-ce que la COP27 et pourquoi est-elle importante pour les infirmières ?
La COP27 est la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques en 2022. Elle s'est tenue du 6 au 18 novembre à Sharm el-Sheikh, en Égypte, en présence de militants pour le climat, de représentants de la société civile, de chefs d'État et de ministres. La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques est le secrétariat des Nations Unies qui s'efforce de résoudre la crise climatique à laquelle notre planète est confrontée. L'objectif de la Convention est de faire respecter l'Accord de Paris de 2015, qui prévoit de limiter l'augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5 ° Celsius par rapport aux niveaux préindustriels. Le but est de stabiliser la concentration de gaz à effet de serre et de donner le temps aux écosystèmes de s'adapter, ce qui favorisera également le développement durable. La conférence est axée sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le renforcement de la résilience, l'adaptation aux effets inévitables du changement climatique et le financement de l'action pour le climat dans les pays en développement.
Les effets du changement climatique ne relèvent pas d’un avenir lointain : nous les constatons déjà tous les jours. Les vagues de chaleur, épisodes de sécheresse, inondations et ouragans toujours plus fréquents sont dus au changement climatique et affectent la vie de milliards de personnes (Sachs et al. 2022). Les infirmières sont appelées à s'attaquer au changement climatique par le biais de la sensibilisation, de l'éducation et de la citoyenneté mondiale (Rosa et al. 2019).
La santé de la planète et la santé humaine sont inévitablement liées. Les infirmières doivent connaître les répercussions du changement climatique et encourager le secteur de la santé, entre autres, à faire sa part pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les infirmières doivent aussi se préparer aux effets inévitables du changement climatique en entretenant leurs compétences liées à la préparation aux catastrophes ; aux problèmes de santé auxquels seront confrontées les populations migrantes ; à l'asthme, à la BPCO et aux maladies pulmonaires dues à la pollution ; et à l'augmentation des problèmes de santé mentale au sein des populations qui subissent les effets du changement climatique et de toute autre répercussion du climat sur la santé.
Enfin, les infirmières doivent plaider pour que le financement des pays pollueurs aide les pays à revenu moyen et faible à atténuer les effets du changement climatique. De nombreux pays à revenu moyen ou faible risquent en effet de subir les pires effets du changement climatique alors même que, historiquement, ils n'ont pas été les plus gros pollueurs. De plus, ils sont généralement confrontés à des charges de morbidité plus élevées que dans les pays riches. Les infirmières doivent plaider pour que le financement du climat soit juste et que les plus gros pollueurs financent les efforts contre le changement climatique.
Références
Rosa W, Dossey B, Watson J et al. (2019). “The United Nations sustainable development goals: the ethic and ethos of holistic nursing”, Journal of Holistic Nursing, 37,4, 381-393.
Sachs J, Kroll C, Lafortune G et al. (2022). Sustainable Development Report 2022. Cambridge University Press.
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