Collaboratrices : Lourdes Balado et Katia Marina, Uruguay
À l’occasion de la Journée internationale des migrants, le 18 décembre, le CII vous présente une étude de cas sur la façon dont les infirmières en Uruguay aident les migrants à accéder à des services de santé tenant compte des spécificités culturelles et acceptables pour eux.
Selon les données du Ministère uruguayen des affaires étrangères, le nombre d’immigrants, qui a quadruplé ces quatre dernières années, dépasse désormais celui des émigrants. Les immigrants proviennent principalement de République dominicaine, de Cuba et du Venezuela, et dans une moindre mesure du Pérou, de Bolivie, du Chili, du Paraguay, d’Afrique et du Moyen-Orient. Malheureusement, la population immigrée n’a pas aisément accès aux services de santé et peut se retrouver socialement marginalisée.
Traditionnellement en Uruguay, le mouvement migratoire comptait surtout des hommes or, aujourd’hui, le pourcentage d’hommes et de femmes est presque identique. Les femmes sont le groupe le plus important de migrants consultant les services de santé et la santé des femmes est la deuxième raison la plus fréquente d’une consultation. La migration augmente la vulnérabilité des femmes et rend essentiels les conseils en soins infirmiers tenant compte des aspects interculturels.
L’arrivée dans un pays étranger est une période de vulnérabilité pour les migrants. Durant les premiers mois, ils doivent régler leur situation juridique et la question du logement, gérer leur entrée sur le marché du travail et leur intégration dans le système de santé. Les conseils et le soutien de professionnels sont éminemment utiles pour ces migrants récemment arrivés. L’infirmière gestionnaire de cas adopte une approche interculturelle pour dispenser des soins directs, des conseils personnalisés, faire le lien avec le système de santé et les réseaux de soutien facilitant l’adaptation à un nouveau contexte, le tout en agissant avec humanité et en prodiguant des soins centrés sur la personne !
Un projet a donc été conçu pour faciliter l’accès au système de soins de santé des migrants récemment arrivés en Uruguay. Le projet a été élaboré et mis en œuvre par l’association civique Idas y Vueltas et la Faculté des sciences infirmières de l’Université de la République.
Le projet consiste à établir le contact entre les migrants et les services de santé, et à aider à la traduction et à la médiation culturelle. Ce projet a été mené par des étudiants en sciences infirmières et des professeurs de la Faculté des sciences infirmières en renforçant leurs compétences dans le domaine des soins infirmiers interculturels ; en formalisant les liens institutionnels avec les centres d’assistance ; et en favorisant les possibilités d’accès aux soins des migrants. En outre, les données et les réflexions sur la santé s’attachant aux aspects interculturels ont été diffusées par le biais de publications universitaires en collaboration avec des équipes d’autres disciplines.
Les étudiants et les professeurs se sont penchés sur les problèmes relatifs à la santé des migrants et ont contribué à l’élaboration de politiques et de stratégies nationales sur la santé des migrants.
Grâce à ce projet, les prestataires de soins de santé ont reçu plus de 500 migrants dans le courant de l’année dernière pour des besoins multiples. Outre qu’il améliore l’accès à la santé, le projet encourage les migrants à rester en Uruguay. Pour les étudiants en sciences infirmières, les avantages sont nombreux, comme l’intégration d’une approche interculturelle, le renforcement des connaissances dans le domaine des sciences humaines (anthropologie sociale) et des compétences culturelles, des possibilités de formation interprofessionnelle et l’apprentissage d’une nouvelle langue.
Le projet fournit des données actualisées sous l’angle des soins interculturels et peut orienter de nouvelles stratégies publiques en matière de santé migratoire pour améliorer la qualité et l’efficacité des soins dispensés à cette population vulnérable.
Pour de plus amples informations sur la santé des migrants, consultez la prise de position du CII sur la santé des migrants, des réfugiés et des personnes déplacées