Le Conseil International des Infirmières (CII) salue les accords visant à renforcer le financement de la santé et du développement et à revitaliser le multilatéralisme et la solidarité mondiale qui ont émergé de deux réunions cruciales : la 4e Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), qui s'est achevée le 2 juillet 2025, et le sommet des BRICS, qui regroupe les onze plus grandes économies émergentes, qui s'est terminé le 7 juillet. Si ces réunions marquent un retour bienvenu à la coopération multilatérale, le CII souligne que des engagements plus fermes en faveur de l'investissement dans les effectifs de santé sont nécessaires pour atteindre leurs objectifs ambitieux en matière de santé et de développement.
Ces deux réunions interviennent à un moment critique où il est urgent d'investir dans les systèmes de santé et les professionnels de santé, dans un contexte de besoins sanitaires croissants, de tensions géopolitiques et de conflits turbulents, et d'aggravation de la crise climatique. Les récents gels et réductions de l'aide au développement, associés à des menaces croissantes pour le multilatéralisme, ont contribué à créer un environnement exceptionnellement difficile pour le financement de la santé. Comme le reconnaît l'engagement de Séville pour le quatrième Forum mondial sur la financement pour le développement, les pays en développement sont confrontés à un déficit de financement de plus en plus important, qui s'élève à 4 000 milliards de dollars, et les objectifs de développement durable (ODD) pour 2030, notamment la couverture sanitaire universelle (CSU), sont loin d'être atteints.
Le Dr José Luis Cobos Serrano, président du CII, a déclaré :
« Le CII salue l'accent fort et stratégique mis par les deux réunions sur le financement de la santé et du développement et la lutte contre les inégalités mondiales. Nous nous félicitons tout particulièrement de leurs engagements en faveur d'un financement équitable et durable, notamment par le biais de mécanismes d'allègement de la dette pour les pays vulnérables à faible revenu, dont beaucoup doivent actuellement consacrer plus de ressources au service de leur dette qu'aux services de santé essentiels. »
« Malgré ces progrès, ces documents font cruellement défaut en matière de considérations relatives au personnel de santé, ce qui représente une omission importante. La clé pour atteindre nos objectifs mondiaux en matière de santé réside dans les personnes qui traduisent les stratégies de santé en réalité, dispensent des soins et s'attaquent aux problèmes de santé majeurs et croissants de notre monde. »
« Lors de l'Assemblée mondiale de la santé de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de cette année, les États membres ont décidé à l'unanimité de prolonger les orientations stratégiques pour les soins infirmiers et l'obstétrique, y compris l'accélération des investissements dans le personnel infirmier, mais nous ne constatons aucun changement malgré la crise urgente que nous traversons en matière de personnel. Nous sommes actuellement confrontés à une pénurie majeure d'infirmières, qui constitue ni plus ni moins une urgence sanitaire mondiale. Sans un financement et des investissements ciblés sur le personnel de santé, nous ne serons pas en mesure de respecter nos engagements collectifs en matière de santé et de développement. Nous ne pouvons tout simplement pas garantir la santé pour tous sans infirmières pour tous. »
Lors de ces deux réunions, les dirigeants ont également appelé à une action décisive face à la crise climatique, qui a de graves répercussions sur la santé dans le monde entier. La déclaration des BRICS comprend des appels fermes en faveur d'une transition juste, soutenue par un financement climatique accessible et opportun pour les pays en développement, bien que les pays du BRICS ne se soient pas engagés à éliminer progressivement les combustibles fossiles, qui sont le principal facteur contribuant au changement climatique et une cause majeure des problèmes de santé liés au climat.
La déclaration des BRICS souligne en outre l'importance de l'Organisation Mondiale de la Santé dans la coordination des efforts mondiaux en matière de santé et appelle à une « OMS solide et dotée de ressources suffisantes » comme moyen de promouvoir l'équité en matière de santé et de relever les défis mondiaux en matière de santé.
Howard Catton, directeur général du CII, a souligné la nécessité de donner la priorité au personnel de santé dans les processus décisionnels multilatéraux et au sein de l'OMS. Il a déclaré :
« Nous espérons que l'accent mis sur le renouveau du multilatéralisme lors du FfD4 et du BRICS accélérera la solidarité mondiale en matière de financement de la santé, notamment en garantissant le financement nécessaire à l'important programme de travail de l'OMS. Cependant, nous devons veiller à ce que le personnel de santé soit correctement pris en compte dans ces efforts. »
« Le CII est extrêmement préoccupé par le fait que la nouvelle structure organisationnelle proposée par l'OMS, qui regroupe le personnel de santé, les soins infirmiers et l'Académie de l'OMS au sein d'un seul département, marginalise l'importance du personnel de santé et de soins. Le personnel de santé est trop souvent négligé, mais nous avons réalisé d'importants progrès pour garantir que les travailleurs de la santé et des soins ne soient plus invisibles, mais reconnus comme indispensables à la stratégie et aux résultats en matière de santé, notamment grâce aux orientations stratégiques pour les soins infirmiers et l'obstétrique.»
« Cette nouvelle structure risque de compromettre, voire d'inverser, les progrès accomplis pour renforcer et investir dans le personnel de santé. L'OMS nous a constamment rappelé que les infirmières et les autres agents de santé sont au cœur de la santé mondiale, qu'ils constituent l'épine dorsale de nos systèmes de santé. Nous ne pouvons pas laisser notre personnel de santé vital devenir un simple métatarse à la périphérie des stratégies et des organisations mondiales de santé. Pour réaliser les ODD et la CSU et concrétiser notre vision de la santé pour tous, il faut un engagement audacieux et urgent à financer les investissements dans les infirmières et les agents de santé, qui sont le fondement des soins, partout dans le monde. »