Le Conseil International des Infirmières (CII) a contribué à un séminaire en ligne pendant la semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens (RAM), mettant en évidence la RAM comme une menace majeure pour la sécurité sanitaire mondiale qui pourrait faire dérailler les efforts visant à atteindre les Objectifs de développement durable des Nations Unies. La RAM est un défi mondial de santé critique qui met en péril l'efficacité des médicaments dont nous dépendons pour traiter les infections. L'utilisation excessive et abusive des antibiotiques permet aux bactéries de développer une résistance, ce qui entraîne des infections de plus en plus difficiles, voire impossibles, à traiter.
Lors de la réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la RAM, le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé, Tedros Ghebreyesus, a fait remarquer : « La RAM pourrait remettre en cause 100 ans de progrès médicaux, faisant d'infections facilement traitables aujourd'hui une condamnation à mort. Aucun pays n'est à l'abri de cette menace, mais ce sont les pays à revenu faible ou intermédiaire qui en supportent le plus lourd fardeau. »
Les orateurs de l'événement « Lutter contre la résistance aux antimicrobiens dans un monde en mutation » ont discuté de la manière d'améliorer les messages de santé publique sur le sujet et de promouvoir une meilleure gestion des antimicrobiens parmi les professionnels et le grand public. Chacun a un rôle à jouer dans la lutte contre la RAM et les infirmières jouent un rôle de premier plan dans l'éducation du public aux meilleures pratiques, telles que l'utilisation responsable des antibiotiques, en ne les prenant que sur prescription d'un professionnel de la santé et en suivant les schémas thérapeutiques tels qu'ils sont indiqués ; la pratique d'une bonne hygiène, comme le lavage régulier des mains ; et le fait de rester à jour dans ses vaccinations. Il s'agit là de mesures essentielles que chacun doit prendre pour se protéger et protéger les autres.
Le Dr Enrique Castro-Sanchez, maître de conférences sur les défis mondiaux à l'université Brunel, au Royaume-Uni, est l'un des cadres infirmiers mondiaux reconnus par le CII.
S'exprimant au nom du CII, le Dr Castro-Sanchez a déclaré qu'il était également important que les infirmières tirent parti de leur expertise du milieu clinique et l'utilisent pour façonner les politiques sociales et de santé.
Le Dr Castro-Sanchez a déclaré : « Nous devons nous rappeler, en tant que professionnels de la santé, que nous n'avons pas seulement une responsabilité clinique : nous avons une responsabilité beaucoup plus large à l'égard des déterminants de la santé mondiale et de l'équité. »
Selon lui, on ne pourra s'attaquer efficacement au changement en matière de RAM que si les infirmières commencent à agir dans la sphère politique : « Nous ne résoudrons pas les inégalités en matière de santé dans la salle de consultation. Nous devons penser davantage comme des opérateurs politiques. Cela ne signifie pas qu'il faille entrer en politique - ce qui est une option - mais nous sommes puissants parce qu'il y a des millions de travailleurs de la santé. »
Le Dr Castro-Sanchez a déclaré que les inégalités en matière de santé peuvent être causées par la RAM et vice versa, et que ces inégalités ne seront résolues que si d'autres aspects de la politique, en dehors des soins sanitaires, tels que le logement, l'éducation et les transports, sont abordés, et que c'est là que les infirmières pourraient avoir un impact majeur.
Selon lui, dans le climat politique actuel, il n'est pas garanti que le fait d'être un expert permette à quelqu'un d'accéder à des politiciens de haut niveau.
« Parfois, notre travail de conseiller et d'expert auprès des ministres, des premiers ministres et des présidents peut s'avérer un peu plus difficile. C'est donc une autre compétence que nous devons mettre en pratique - affiner notre façon de convaincre et d'influencer les décideurs. »
La prise position du CII sur la RAM présente des mesures concrètes à prendre par les infirmières et les associations de soins infirmiers, parmi lesquelles :
La prise de positions souligne le rôle essentiel du leadership infirmier dans la réduction de la RAM, en insistant sur la nécessité d'inclure les infirmières et les organisations d'infirmières dans l'élaboration de toutes les politiques et de tous les plans de prévention de la RAM.
Howard Catton, directeur général du CII, a ajouté : « La résistance aux antimicrobiens n'est pas une menace lointaine ; c'est un défi auquel nous sommes confrontés ici et maintenant. Mais les solutions à notre portée sont tout aussi présentes. Les infirmières, qui constituent le plus grand groupe de professionnels de la santé et l'épine dorsale des systèmes de santé, sont particulièrement bien placées pour mener la lutte contre la RAM. Ce moment exige une action audacieuse, une collaboration approfondie et un engagement inébranlable pour préserver les médicaments vitaux qui protègent notre santé et notre avenir. »
La semaine mondiale d’information sur la RAM 2024 se déroule du 18 au 24 novembre. #WAAW2024
Le webinaire a été organisé par FIP Digital Events.