Le DG de l’OMS Dr Tedros et SAR la Princesse Muna al-Hussein ouvrent la Triade 2020 du CII-ICM-OMS en mettant l’accent sur les personnels infirmiers et obstétricaux dans le contexte du COVID-19

COVID-19
16 Juin 2020
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Collaboration avec les gouvernements et besoin de soutien psycho-social pour le personnel infirmier et les sages-femmes en période de pandémie de COVID-19

La 8ème édition de la Triade mondiale des soins infirmiers et obstétricaux du CII-OMS-ICM a été ouverte par le DG TMS Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus et SAR la Princesse Muna al-Hussein, mécène de l’OMS pour les soins infirmiers et obstétricaux dans la région EMRO, par le biais d’une transmission en direct.

La réunion était présidée par Elizabeth Iro, infirmière en chef de l’OMS. La première journée fut axée sur les personnels infirmiers et obstétricaux dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Les quelque 1 200 participants inscrits ont visionné une vidéo d’accueil du Comité directeur de l’année du personnel infirmier et des sages-femmes avec des messages du Dr Tedros; la présidente du CII, Annette Kennedy; la présidente de l’ICM, Franka Cadée; Julietta Onabanjo, directrice régionale, pour l’Afrique orientale et australe, FNUAP; et Lord Nigel Crisp et la professeure Sheila Tlou, coprésidents de Nursing Now.

Le Dr Tedros a clairement déclaré: «Il est essentiel que nous rappelions à notre gouvernement qu’il doit investir dans son personnel infirmier et ses sages-femmes, ce qui implique des emplois, de la formation et du leadership.»

Mme Kennedy a souligné: «C’est l’Année internationale du personnel infirmier et des sages-femmes la plus exceptionnelle pour mettre en valeur et célébrer les soins infirmiers, et cela a aussi permis de montrer l’extrême importance des soins infirmiers… et qu’ils sont l’épine dorsale du service. Le rapport sur l’état des soins infirmiers dans le monde est une véritable feuille de route pour l’avenir, mais nous devons appeler tous les gouvernements à mettre en œuvre les recommandations. Nous devons également travailler ensemble pour collaborer et partager les informations. »

Lord Crisp a ajouté: «À l’avenir, personne ne pourra douter du professionnalisme du personnel infirmier et des sages-femmes ou les sous-estimer».

Les participants ont également été accueillis par les organisateurs de la triade: Jim Campbell, directeur, département des Personnels de santé, OMS; Howard Catton, CEO du CII; Sally Pairman, CEO d’ICM; et Anshu Banerjee, Conseiller principal de l’OMS, Département Santé et recherche génésiques.

Le discours d’ouverture a été prononcé par SAR la Princesse Muna al-Hussein, mécène de l’OMS pour les soins infirmiers et obstétricaux dans la région EMRO. Elle a déclaré que la «COVID-19 avait souligné les efforts incessants du personnel infirmier et des sages-femmes, mettant en danger leur propre santé et celle de leur famille pour nos soins à tous». Elle a rendu hommage à tous les agents de santé qui ont donné leur vie pendant cette pandémie.

«Il est important de se rappeler que l’emploi dans le secteur de la santé est un investissement, et pas un coût», a-t-elle déclaré, en ajoutant que «cela n’a jamais été aussi vrai qu’actuellement. Les professionnels de santé préviennent l’effondrement des grandes économies» Elle a exhorté tous les gouvernements à donner la priorité à l’investissement et à l’autonomisation du personnel infirmier et des sages-femmes. «Vous avez été et vous serez toujours mes héros», a-t-elle conclu.

Le Dr Tedros a ensuite prononcé une allocution d’ouverture en déclarant que: «La pandémie de COVID-19 avait mis en lumière le personnel infirmier et les sages-femmes dans le monde entier, et le rôle essentiel que vous jouez… Je voudrais me joindre à Son Altesse Royale pour exprimer à quel point je suis fier de tout le personnel infirmier et de toutes les sages-femmes qui donnent ou risquent leur vie pour sauver celle des autres. Nous sommes très fiers de vous».

Les premières séances de la journée ont débuté par une présentation du Dr Socé Fall, Directeur général adjoint, Interventions d’urgence, OMS, qui a déclaré que « les professionnels de santé sont le rythme cardiaque qui mesure nos heures». Soulignant les problèmes d’approvisionnement en EPI et de protection contre la violence et la stigmatisation, le Dr Fall a déclaré qu’une approche globale de toute la société était nécessaire, et que nous devions tirer parti des investissements en capital humain pour apporter un changement systémique durable. «Nous investissons dans ce qui nous est cher. Nous devons investir dans le personnel de santé», a-t-il déclaré.

Les présidents des ANI de certains des pays les plus durement touchés ont rendu compte de la situation dans leur pays:

Walter de Caro, président de la CNAI, l’Association italienne des infirmières, a déclaré que la pandémie en Italie était comme «un tsunami, comme une guerre sans plan». Il a évoqué le prix élevé payé par les professionnels de santé en Italie, avec plus de 250 morts, dont 40 infirmières décédées du virus et quatre suicides. Il a souligné qu’il y avait un réel problème de santé mentale, mais qu’il y avait aussi des problèmes liés aux fournitures d’EPI, une pénurie de tests pour les professionnels de santé, un manque de personnel et pas assez de lits ni de respirateurs. M. de Caro a déclaré qu’il y avait une pénurie de 50 000 infirmières en Italie en raison des coupes budgétaires du gouvernement, mais il a également déclaré que la pandémie représentait «une réelle opportunité pour nous tous: le public sait maintenant ce que font les infirmières, l’importance de leur métier comme véritable épine vertébrale du système de santé. Au cours de cette année, le gouvernement a décidé de ne pas investir, or nous devons maintenant travailler pour miser davantage sur les investissements.»

Le Dr Kyung-Rim Shin, présidente de l’Association coréenne d’infirmières (KNA), a parlé de la réponse efficace au virus dans son pays. Elle a souligné le rôle important de la KNA en tant que canal entre le gouvernement et le personnel infirmier sur le front, affirmant que «nous poursuivons un dialogue étroit avec le gouvernement et continuons de surveiller les besoins des infirmières». L’association KNA a complété la pénurie de personnel infirmier et d’EPI; mis en place des lignes directes pour fournir des conseils aux infirmières en première ligne et poursuivre la coopération avec le gouvernement pour les droits légaux ainsi que l’investissement dans les soins infirmiers.

Hsiu-Hung Wang, présidente de l’Association des infirmières des Taïwan (TWNA), a également souligné l’importance de la collaboration entre le gouvernement et le personnel sur le terrain pour contenir rapidement la pandémie. Elle est heureuse d’annoncer que seulement quatre infirmières été infectées à Taïwan ont et que toutes se sont rétablies. L’association TWNA a joué un rôle de leadership et de défense, appelant le gouvernement à annuler tous les grands rassemblements et plaidant pour des fournitures d’EPI et des niveaux de personnel sûrs. Ils ont travaillé tout au long de l’épidémie pour redorer avec succès l’image professionnelle du personnel infirmier à Taiwan.

L’importance de la communication avec le gouvernement a également été mise en avant par le Dr José Luis Cobos Serrano, secrétaire général adjoint du Conseil général d’infirmerie espagnol (CGE). Il a expliqué que, malheureusement en Espagne, «la communication avec le gouvernement était souvent peu fiable». Plus de 60 professionnels de santé en Espagne sont décédés du virus, dont cinq infirmières, les établissements de soins ayant enregistré le plus grand nombre de décès. Le Dr Cobos Serrano a ajouté que l’Espagne enregistrait une pénurie de 100 000 personnels infirmiers. «La préparation est la clé de la réussite», a-t-il dit. «Nous devons aborder toute future pandémie de manière préparée. Nous devons être en mesure de soutenir nos patients 365 jours par an et nous continuerons à agir dans ce sens.»

Perla Idolina Barragan Sosa, présidente du Collège mexicain des infirmières (Colegio Nacional de Enfermeras), a évoqué la pénurie de personnel infirmier dans son pays, qui s’est aggravée pendant la pandémie, car un nombre important d’infirmières sont tombés malades et ne peuvent plus travailler. Elle a également souligné les terribles abus et violences dont certains membres du personnel infirmier ont été victimes au Mexique et le soutien continu que le Collège reçoit du CII concernant 17 infirmières enlevées et dépouillées. « Hier, nous avons reçu une lettre de soutien du CII: cela signifie que nous ne nous sentons plus seuls, ici, au Mexique et nous sommes très reconnaissants d’avoir ce genre de soutien. Cela a été très difficile ici - notre système de santé présente quelques faiblesses et nous apprenons toujours à travers l’expérience de la pandémie.» La présidente du CII, Annette Kennedy, a envoyé une lettre au président du Mexique, demandant l’ouverture d’une enquête sur ce dernier point très grave et appelant à la justice.

Mohammed G. Alghamdi, président de l’Association saoudienne des infirmiers, a déclaré que le coronavirus est le plus grand défi jamais relevé par le personnel infirmier d’Arabie saoudite. Il a déclaré que son gouvernement avait pris la pandémie très au sérieux dès le début, interdisant tous les vols internationaux et empêchant même les voyages vers le lieu saint de La Mecque pour prévenir les infections. Il a ajouté que le nombre d’infirmières infectées par le coronavirus était une préoccupation qui a été réglée rapidement. «28% des patients étaient au départ des professionnels de santé. Nous avons collaboré pour réduire ce pourcentage en nous engageant à respecter toutes les politiques et tous les protocoles internationaux, et en veillant à ce que les protocoles de contrôle des infections soient parfaitement respectés. Le pourcentage de cas confirmés parmi les professionnels de santé est désormais inférieur à 16%. » M. Alghamdi a également déclaré que l’Arabie saoudite travaillait actuellement sur des plans de manière à disposer d’une stratégie nationale des soins infirmiers afin d’améliorer la rétention du personnel infirmier, et un plan régional de renforcement des capacités pour aider les pays de la région à s’assurer qu’ils ont suffisamment d’infirmières pour gérer les pandémies à l’avenir.

Thembeka Gwagwa, membre du Conseil d’administration du CII pour l’Afrique, a déclaré que la pandémie avait mis à rude épreuve tous les pays mais que les effets étaient plus graves dans les pays pauvres comme le sien, l’Afrique du Sud. «Il a également stimulé un débat mondial très solide entre scientifiques et économistes sur ce qui peut être fait pour endiguer cet ennemi impitoyable et invisible. Nous avons réussi à travailler tous ensemble, à collaborer en tant que peuples du monde, parce que nous savons tous qu’ensemble, nous pouvons résister alors que séparément et seuls, nous ne pouvons que tomber.» Mme Gwagwa a remercié l’OMS et le CII pour leurs précieux conseils pendant la pandémie.

Le Dr Nonhlanhla Makhanya, infirmière en chef, en Afrique du Sud, a expliqué lors de la réunion les deux principaux défis auxquels le personnel infirmier était confronté dans son pays : le taux d’infection parmi les infirmières et les processus de recrutement des ressources humaines. «Le taux d’infection dans les secteurs privé et public est le plus élevé au sein du personnel infirmier, et cela nous inquiète car il a des implications pour la prestation de services à différents niveaux. Nous avons également eu du mal à recruter des infirmières spécialisées pendant la période de crise sanitaire en raison d’une pénurie chronique. » Elle a déclaré que, bien que le gouvernement ait mis plus d’argent à disposition pour employer davantage des professionnels, on ne leur proposait que des contrats à court terme, ce qui signifiait que les emplois n’attiraient pas beaucoup de candidats. Elle a également déclaré que le personnel infirmier qui avait été redéployé dans les zones de COVID-19 était souvent effrayé, ce qui entraînait des taux d’absentéisme très élevés.

L’OMS, le CII et l’ICM ont chacun présenté le travail qu’ils ont entrepris pour soutenir le personnel infirmier et les sages-femmes pendant la pandémie. 

Gulin Gedik, Département du développement des systèmes de santé, OMS EMRO a déclaré que «les infirmières et les sages-femmes ont été très impliqués et ont joué un rôle extrêmement important à toutes les étapes de la réponse au COVID-19». Elle a souligné les défis liés à l’augmentation de la charge de travail, au risque élevé d’infection, à l’impact psychosocial, à la violence et à la stigmatisation. L’OMS a mis au point des outils pour identifier les besoins des personnels de santé, et chaque pays a élaboré des directives techniques pour gérer les cas, y compris d’autres aspects de la réponse au COVID-19 tels que le suivi des contacts. Elle a noté que l’infection parmi les agents de santé était un problème important et que les taux d’infection n’étaient pas bien enregistrés, mais a déclaré que c’était en moyenne 10% des cas, mais cela pouvait atteindre 20% dans certains pays. Elle a aussi évoqué la question de la santé mentale et du bien-être des agents de santé, notamment l’épuisement professionnel, le stress et les problèmes psychosociaux. «Au Canada, 47% des agents de santé ont exprimé le besoin d’un soutien psychosocial», a-t-elle déclaré, ajoutant que les lignes d’assistance sont indispensables, et qu’il était important d’organiser les heures de travail pour disposer de périodes de repos et de récupération adéquates. Elle a également ajouté qu’il était essentiel de fournir des moyens de transport et un logement adapté pour garantir la sécurité des agents de santé et de leurs familles, et assurer la sécurité de manière à prévenir la violence contre les professionnels de santé.

Howard Catton, CEO du Conseil International des Infirmières a présenté le travail du CII, y compris des webinaires dans pratiquement toutes les régions pour promouvoir et partager notre apprentissage : un appel à l’action en 12 points couvrant les priorités clés, de l’EPI à la préparation au futur renforcement du système de santé. Il a invité les participants à consulter la plateforme COVID-19 du CII pour toutes les ressources du CII et les liens vers les ressources de l’OMS, ainsi que des conseils, des histoires et des expériences des ANI et des infirmières sur le front.

M. Catton a fait une mention spéciale concernant la nécessité de disposer de données systématiques sur les taux d’infection au COVID-19 et les décès parmi les professionnels de santé, un appel pour lequel le CII est au premier plan depuis de nombreux mois. Les données du CII montrent que le nombre d’infections au COVID-19 parmi le personnel infirmier varie de moins de 5% à 30%. «Nous pensons que le taux d’infection moyen des agents de santé est probablement d’environ 7%», a-t-il ajouté. «Nous savons pour sûr que les infirmières sont les professionnels de santé les plus touchés en matière d’infections». HK - Triad 2020 - Day 1 - 2

M. Catton a également évoqué le nombre élevé de décès parmi le personnel infirmier, en particulier au Brésil, aux États-Unis, au Mexique et au Royaume-Uni. «C’est un scandale qu’il n’y ait pas d’enregistrement officiel des infections et des décès parmi les professionnels de santé», a-t-il déclaré, appelant l’OMS à émettre une recommandation claire pour la collecte de ces types d’informations. «Ce sont des données qui nous aideraient à mieux comprendre qui est à risque et comment nous pouvons réduire les taux d’infection et sauver des vies d’infirmières et d’autres professionnels de santé», a-t-il déclaré.

M. Catton a conclu sur une note positive, affirmant qu’il s’agissait d’une «opportunité phénoménale de promotion» et remerciant l’association membre du CII pour avoir contribué à faire connaître les expériences du personnel infirmier sur le front, fournissant «une plateforme médiatique encore plus grande que l’Année internationale du personnel infirmier et des sages-femmes. »

Parmi les autres intervenants figuraient: Florminda Tejano, Ligue philippine des sages-femmes publiques et privées; Alison Eddy, CEO, Collège néo-zélandais des sages-femmes; Eun Suk PARK, Département de contrôle des infections, Severance Hospital, Corée du Sud; Ann Yates, conseillère sage-femme principale, ICM et Inês Fronteira, GCNMO, Portugal; Stéphane Okitokunda, sage-femme, Kinshasha, République démocratique du Congo; Patricia Titulaer van Ham, ICM; Farah Babaey, chef du bureau des sages-femmes, ministère de la Santé et de l’Éducation médicale, République islamique d’Iran.

Organisée virtuellement pour la première fois, la réunion biennale des chefs de file mondiaux des soins infirmiers et obstétricaux se tiendra au cours des trois prochains jours avec des participants des régions OMS d’EURO, WPRO et SEARO le matin et des participants d’AFRO, EMRO et de l’OPS l’après-midi.

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