Contribution : Dr Haleh Jafari, École d’infirmières et de sages-femmes, Université des sciences médicales de Téhéran, Iran
La Journée mondiale contre le travail des enfants, le 12 juin, est célébrée cette année dans un contexte particulier, puisque 2021 a été proclamée Année internationale de l’élimination du travail des enfants. L'Organisation internationale du Travail organise une Semaine d'action pour marquer cet événement important. Dans ce cadre, le CII vous présente le récit d’une infirmière qui s'occupe d'enfants au travail dans les rues de Téhéran, en Iran, pendant la pandémie de COVID-19. #EndChildLabour2021
Le Dr Haleh Jafari exerce à l’hôpital en tant qu’infirmière. Depuis de nombreuses années, elle aide aussi les enfants qui travaillent dans les rues de Téhéran.
En Iran, le phénomène du travail des enfants, qui s'est développé dans la plupart des zones métropolitaines ces dernières décennies, cause des dommages considérables aux enfants concernés. Ce travail peut consister à vendre, dans la rue, des fleurs ou des mouchoirs en papier, à réciter de la poésie, à nettoyer les vitres des voitures, à ramasser les ordures, ou encore à travailler dans des ateliers. Aucune de ces activités n'est volontaire : toutes s’imposent aux enfants et aux adolescents en raison de problèmes familiaux ou par nécessité économique, et leur causent de nombreux problèmes physiques, émotionnels et sociaux.
Ces enfants obligés de travailler accèdent difficilement aux services de santé et sont souvent exposés à des violences physiques et sexuelles, ainsi qu'aux drogues. Le taux de mortalité chez ces enfants est de neuf à 31 fois supérieur à la moyenne (Abdi et al. 2016).
Le Dr Jafari rend régulièrement visite à ces enfants, à l'école ou dans la rue, pour les informer sur les questions de santé. En tant qu'infirmière, elle leur fait passer des examens de santé et des dépistages de maladie, récolte des dons pour les aider à se faire soigner en cas de problème de santé et les oriente vers les services compétents.
Avec l’arrivée de la pandémie de COVID-19 et le verrouillage de la ville, de nombreux enfants n'ont eu d'autre choix que de continuer à travailler pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.
Avec le soutien d’habitants de Téhéran, le Dr Jafari distribue des gels désinfectants, des masques et des gants aux enfants et à leurs familles, et s’assure de leur bien-être. Elle les informe, à l’école ou dans la rue, sur le virus et sur les moyens de prévenir l'infection.
« J’ai été à la fois heureuse de revoir les enfants et triste de constater qu'ils continuent de travailler pendant la pandémie », relève le Dr Jafari. « Je sais dans quels quartiers les trouver. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble dans les rues de Téhéran. Je vais les voir, je leur pose des questions sur leurs journées, la manière dont ils affrontent le virus. Je leur remets l'équipement qui m’a été donné à leur intention et je les forme autant que possible. Et nous discutons beaucoup. »
Cela fait des années que le Dr Jafari prend soin de ces enfants au travail. Elle observe : « Certes, j’agis à une échelle modeste, mais dès que nous pouvons éduquer ne serait-ce qu'un enfant et une famille, sauver une personne de la maladie, lui donner un espoir dans la vie, lui dire que nous nous soucions d’elle et qu’elle compte pour nous – alors nous pouvons dire que nous sommes des infirmières. »
Abdi, F., Ramezankhani, A., & Yazdkhasti, M. (2016). Policy on health of street children: Challenges and solutions. Razi Journal of Medical Sciences, 23(145), 88-98.