La déclaration de la Triade CII-ICM-OMS sera publiée la semaine prochaine
La troisième et dernière journée des réunions de la Triade 2020 CII-ICM-OMS s'est concentrée sur un examen des actuelles Orientations stratégiques mondiales pour le renforcement des services infirmiers et obstétricaux et sur l’élaboration des prochaines Orientations.
La réunion a été ouverte par Howard Catton, Directeur général du CII, qui a déclaré : « Aujourd'hui, nous nous concentrons sur l'avenir. Cette rencontre est une véritable opportunité de créer un nouvel avenir, avec un optimisme renouvelé quant à la direction que nous voulons suivre. »
Elizabeth Iro, Infirmière-Administratrice en chef de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a présenté le contexte des Orientations, notamment leur histoire et leur objectif. Au cours des soixante-dix dernières années, de nombreuses décisions ont été prises en faveur du renforcement des services infirmiers et obstétricaux, les décisions les plus récentes étant axées sur les données et les preuves, la mobilité internationale, le recrutement et le maintien en poste, l'éducation et la formation, la législation et la réglementation et enfin l’activité normative. Mme Iro a souligné que les Orientations ont un but et un pouvoir et qu'elles constituent une feuille de route pour l'avenir. Non contraignantes, les Orientations n’en proposent pas moins des objectifs et des cibles importants.
Le professeur Rowaida Al-Maaitah, de la Jordanie, a ensuite donné un aperçu des Orientations 2016-2020, qui touchent à leur fin. Elle a présenté les quatre principaux thèmes des Orientations, avant de démontrer que les Orientations sont parfaitement alignées sur la Stratégie mondiale sur les ressources humaines pour la santé à l’horizon 2030, également adoptées en 2016.
« L'un des points forts de ce document est son approche de suivi. Nous avons défini cette approche très clairement : des interventions sont prévues à tous les niveaux et nous avons pu constater comment elles ont été appliquées. Les prochaines Orientations devront conserver cette approche et l'améliorer », a recommandé le professeur Al-Maaitah.
Le professeur Al-Maaitah est revenue sur les exemples de progrès réalisés grâce aux Orientations qui avaient été exposés en 2018 par les Infirmières et sages-femmes générales au niveau des gouvernements, pour montrer comment les Orientations sont appliquées dans la pratique. L’experte a insisté sur deux aspects importants : la nécessité d’aligner les Orientations sur d'autres documents clefs, y compris les orientations stratégiques nationales, et l'importance de mesurer les progrès accomplis.
Plusieurs intervenants de toutes les régions ont mis en évidence les éléments les plus utiles des Orientations actuelles et ceux qui devraient figurer dans la prochaine version. Soh Chin Tan, de Singapour, a déclaré que les Orientations actuelles ont un grand impact sur le développement des soins infirmiers de demain, de même que sur la mobilisation de la volonté politique. Toutefois, a-t-elle souligné, sans le soutien total des gouvernements et sans ressources adéquates, certains pays ne seront pas en mesure d’évaluer leurs progrès.
Patricia Titulaer, responsable technique en soins obstétricaux à la Confédération mondiale des sages-femmes (ICM), a fait part de son expérience en Sierra Leone, affirmant qu'une volonté politique est indispensable pour faire bouger les choses. « Les Orientations ont impulsé l’élaboration de lignes directrices et de la stratégie nationale en matière de ressources humaines pour la santé. Elles ont également poussé à l'adoption de normes et d'outils pédagogiques, en particulier l'accréditation », a-t-elle déclaré. Mme Titulaer a plaidé pour une réflexion sur la manière de lever les obstacles liés au genre et à l'équité, de même que pour le renforcement du champ de pratique.
Karen Bjøro, membre norvégienne du Conseil d'administration du CII, a présenté les enseignements tirés au sein de la région européenne, en soulignant la nécessité d'un alignement au niveau régional et entre les systèmes de santé. Mme Bjøro a recommandé de produire des synthèses de données dans chaque région ; que les départements de l'OMS tiennent davantage compte des enjeux relatifs aux services infirmiers et obstétricaux ; qu'une plus grande visibilité soit assurée à l'Assemblée mondiale de la Santé et dans les comités régionaux ; et enfin qu'une collaboration interprofessionnelle soit mise en place.
« Le leadership est essentiel dans l'élaboration et la mise en œuvre des Orientations », a souligné Mme Bjøro, précisant que « dans les pays dotés d’orientations et de programmes de leadership, nous constatons une évolution positive s’agissant du renforcement des professions ». Elle s’est dite heureuse d'annoncer que le nouveau directeur régional de l'OMS pour l'Europe, le Dr Hans Kluge, avait promis de créer un poste d’infirmière générale pour la région EURO de l’OMS, estimant qu’il s’agissait là « d'un message fort à l'intention des gouvernements nationaux ». Avant la réunion de la Triade, tous les participants avaient été invités à participer à un exercice de priorisation. Carey McCarthy, du Département des ressources humaines pour la santé de l'OMS, a présenté les résultats de cet exercice auquel 303 personnes ont participé, dont 72 appartenant à des associations nationales d'infirmières. Dans les trois groupes de répondants (Infirmières et sages-femmes générales ; infirmières ; et sages-femmes), un consensus s’est dégagé sur les trois premières priorités : 1) des programmes d'éducation et de formation correspondant aux objectifs du système de santé ; 2) l’application de programmes d'études basés sur les compétences et l’utilisation des technologies appropriées dans les programmes d'éducation et de formation ; et 3) l’existence d'un leadership aux niveaux local, national, régional et mondial. En outre, les associations d'infirmières et de sages-femmes ont jugé importante la capacité d'éducation, tandis que les salaires et rémunérations étaient des priorités élevées pour les associations d'infirmières.
À la question « Les prochaines Orientations devraient-elle introduire une obligation de rapport par chaque pays ? », 87 % des participants ont répondu par l'affirmative ; et à la question « À quelle échéance ? », un nombre égal de participants a répondu respectivement quatre ans et dix ans avec une échéance intermédiaire en 2025. Seuls 8% des répondants ont estimé qu’il faudrait attendre jusqu’en 2030.
Elizabeth Iro, animant ensuite une discussion ouverte sur les résultats de l'exercice de priorisation, a déclaré : « Nous appelons de nos vœux un processus qui nous permette vraiment d’éclairer les prochaines Orientations. Cette réunion est l'une des premières occasions de vous entendre et je suis ravie d’apprendre, grâce aux informations recueillies lors de cet exercice, votre vision de l'avenir ».
Le Dr Ying Wu, membre du Conseil d'administration du CII originaire de Chine, a souligné la nécessité d’appliquer des programmes basés sur les compétences et d'améliorer la capacité d'enseignement. De même, chaque intervention devrait être assortie d’exigences et d’indicateurs nationaux. Enfin, étant donné que la situation évolue rapidement au niveau mondial, il serait préférable de prévoir un contrôle tous les cinq ans (2025), afin de pouvoir modifier les indicateurs si nécessaire, a conclu la représentante du CII.
La réunion a ensuite entendu comment le ministère de la santé d’Oman a adapté les Orientations stratégiques mondiales à son propre plan stratégique quinquennal. L'approche utilisée a consisté à examiner les faits puis à élaborer et appliquer des politiques de mise en œuvre. L'accent a porté sur la manière de créer un environnement propice à la prestation de soins infirmiers efficaces et sur la valorisation des professions au sein des organisations, notamment par l'introduction de l'initiative Magnet Hospital et par des recherches sur l’élargissement des compétences des infirmières. Oman a également travaillé sur la planification de la relève, en se concentrant sur le leadership et la prise de décision par des personnes clefs au sein des professions infirmière et obstétricale.
Roshani Tuituit, infirmière sage-femme générale du Népal ; Florminda Tejano, de la Ligue philippine des sages-femmes des secteurs privé et public ; et Rita Borg Xuereb, membre maltaise du conseil d'administration de l'ICM, ont également contribué au débat.
Rowaida Al-Maaitah a remarqué que le contexte post-COVID-19 pourrait affecter les priorités des prochaines Orientations. Pour Elizabeth Iro, il importe de réaligner la réflexion et de maintenir notre attention sur la couverture sanitaire universelle, sur la Santé pour tous et sur les Objectifs de développement durable, en vue de renforcer les services infirmiers et obstétricaux.
Howard Catton a ensuite ouvert la discussion sur la place des stratégies mondiales et leur alignement sur les contextes locaux, nationaux et régionaux. Le Directeur général du CII a résumé les commentaires des participants, relevant un consensus clair sur le rôle du leadership et de la formation. Il a noté que nombreux délégués avaient parlé de l'importance de soutenir une pratique autonome et indépendante, la prise de décision, le travail des infirmières dans toute l’étendue de leur domaine de compétence et le renforcement des capacités. M. Catton a souligné que les prochaines Orientations seraient adoptées dans un nouvel environnement marqué par les effets de la COVID-19. « Les pays réfléchiront aux domaines dans lesquels ils doivent renforcer leurs systèmes de santé. Je vous encourage à réfléchir à l'alignement en fonction du contexte réel dans lequel nous allons nous engager. »
Carey McCarthy s’est dite d'accord, notant que l'exercice de priorisation avait été réalisé au début de la pandémie et que cela pourrait affecter la priorisation et l'horizon temporel. Michelle Rumsey, de l’Australie, a ajouté que la procédure de rapport devra être assez souple pour répondre aux besoins de chaque pays.
Pam Cipriano, membre du Conseil d'administration du CII, a déclaré que l'excellent travail réalisé dans la préparation du Rapport sur la situation du personnel infirmier dans le monde avait permis de créer une feuille de route venant renforcer l’orientation stratégique pour les services infirmiers et obstétricaux. « Ce qui est important, ce sont les priorités en matière de leadership que nous avons adoptées à travers nos associations nationales d'infirmières. Nous devons être capables d’influencer les grandes orientations en exerçant notre leadership et en collaborant avec d'autres parties prenantes, en faisant pression sur les ministres de la santé pour qu’ils fournissent les ressources nécessaires à la formation d’une main-d'œuvre solide, capable d’obtenir des résultats concrets et de nous aider à atteindre les Objectifs de développement durable et les soins de santé universels. Nous devons aussi améliorer les conditions de travail des infirmières et des sages-femmes et augmenter l’impact de leur formation. Nous ne saurions trop insister sur le travail que nous devons tous accomplir pour créer des postes de direction au plus haut niveau destinés aux infirmières de nos pays et pour apporter des preuves aux décideurs politiques, car nous connaissons la puissance d’une telle démarche. Le CII travaille activement sur ces questions avec ses membres et nous pensons que c'est une excellente occasion de définir les prochaines orientations stratégiques pour toutes et pour tous. »
Sally Pairman, Directrice générale de l'ICM, a conduit une discussion sur la déclaration de la Triade qui sera publiée la semaine prochaine. Une discussion animée a suivi, avec les commentaires de Sung Rae Shin, membre du Conseil d'administration du CII, Corée du Sud ; Caroline Homer, Australie, représentant l’ICM ; Jose Luis Cobos Serrano, Espagne ; Ase Boysan, ministère turc de la santé ; Roa Altaweli, infirmière générale, Arabie Saoudite ; Margareth Broodkoom, infirmière générale, Nouvelle-Zélande ; Kateryna Balaanova, infirmière générale, Ukraine ; Fatima Almaqbali, infirmière générale, Oman ; et Lisa Apini-Welcland, Allemagne – outre de nombreux autres commentaires échangés dans le groupe de discussion.
Résumant cette discussion, M. Catton a souligné que la déclaration de la Triade devrait refléter la situation réelle dans le monde.
« L'énergie, le dynamisme, le leadership dont nous avons fait preuve ces derniers jours sont extrêmement puissants et nous aideront à faire avancer nos deux professions. Une dernière question difficile se pose cependant : sommes-nous absolument sûrs que ce que nous allons dire et que ce qui va sortir de cette Triade est ancré dans la réalité du monde dans lequel nous vivons actuellement ? La COVID-19 voit nos collègues mourir, souffrir de problèmes de santé mentale, être victimes d'agressions. Beaucoup de nos collègues se tourneront vers nous pour résoudre ces problèmes. La COVID-19 représente également une très grande opportunité pour instaurer une “nouvelle normalité” et renforcer les systèmes de santé. Mais quelle est notre vision à ce sujet ? La maladie a mis en évidence les écarts béants qui caractérisent nos systèmes de santé, notamment vu le nombre de décès parmi les Noirs, les Asiatiques et les minorités ethniques dans le monde entier. Et si nous pensons que la COVID-19 est une catastrophe, alors que dire du changement climatique et de ses effets potentiels sur la santé de toute la planète ? À l'heure où nous abordons les grands problèmes du monde réel, il est délicat de réclamer davantage de ressources, surtout si nous nous dirigeons vers un ralentissement économique mondial. Ce sont là quelques-uns des problèmes qui se posent aujourd’hui dans le monde réel. Le défi que je nous lance est de réfléchir à la manière dont nous nous occupons de la santé des gens et dont nous faisons vraiment le maximum pour eux, partout dans le monde. »
Annette Kennedy, Présidente du CII, a souligné pour sa part la nécessité de veiller à ce que la déclaration soit brève et concise. « Nous devons penser en termes de politique », a-t-elle déclaré. « Les priorités seront toujours d'investir, de prendre pied dans le jeu politique et d'influencer le secteur de la santé. Ensemble, nous travaillons mieux que séparément. »
Les organisateurs et les hôtes ont exprimé leur appréciation finale à tous les participants pour la discussion et le dialogue de la huitième réunion de la Triade.
Sally Pairman, Directrice générale de l'ICM, a déclaré : « Cette rencontre virtuelle a permis la participation d’un plus grand nombre de sages-femmes et d'infirmières. Il est important que davantage de personnes puissent s'exprimer et que nous écoutions ce qu'elles ont à dire. J'espère que nous pourrons réutiliser le fruit de nos travaux ces derniers jours. Je suis d'accord avec Howard : nous sommes des personnels essentiels et nous savons collaborer. Nous avons tous nos différences, mais nous avons aussi beaucoup de points communs et il est important que nous travaillions ensemble pour le bien des personnes dont nous avons la charge. »
Anshu Banerjee, Conseiller principal de l’OMS, Département Santé et recherche génésiques, a déclaré : « La pandémie de COVID-19 a vraiment mis les professionnels de la santé sous les feux de la rampe... C'est une occasion inespérée de mettre en lumière le rôle crucial du personnel de santé et de plaider pour des investissements en sa faveur ».
Franka Cadée, Présidente de l'ICM, s’est dite « enthousiaste de voir les sages-femmes et les infirmières travailler si bien ensemble, se soutenir mutuellement... Nous pouvons faire beaucoup pour les populations du monde entier ».
Annette Kennedy a conclu : « Le mot d'ordre de ma présidence est Ensemble et c'est certainement l'année où nous sommes ensemble. Il nous appartient de protéger notre profession, de protéger les infirmières et les sages-femmes en première ligne ». La Présidente a rappelé aux participants le processus des « quatre D » mentionné par Jim Campbell – Données, Dialogue, Décision et Dollars – et a réitéré l'appel d'Howard Catton à « se mettre au travail » avec les politiciens sur la question de la récolte de données.
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