Le 2 février 2020, le gouvernement vietnamien déclarait officiellement que le coronavirus était une épidémie. À cette époque, on comptait un peu plus d'un million de cas de COVID-19 dans le monde. Au Viet Nam, au 15 mars, 57 cas confirmés avaient été signalés. Le 18 mars, un patient britannique était admis à l'hôpital après avoir été testé positif au coronavirus. Son état s'étant rapidement détérioré, ce patient a été admis à l'hôpital des maladies tropicales de Ho Chi Minh Ville pour y être placé sous respirateur et oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO). Le 22 mai, le patient était transféré au service des urgences et des maladies et toxicologie tropicales de l'hôpital Cho Ray, également à Ho Chi Minh Ville : il y a passé plus de 60 jours sous assistance respiratoire, puis deux mois et demi dans un coma artificiel et sous ECMO. Le 3 juin, après près de deux mois en soins intensifs dans un état grave, le patient a finalement pu être déconnecté de l'ECMO et respirer à nouveau sans l'aide d'un respirateur.
L'un des facteurs clefs ayant contribué au rétablissement de ce patient a été le modèle de soins en équipe appliqué depuis plusieurs années au service des urgences et de la toxicologie et des maladies tropicales de l'hôpital Cho Ray. Ce modèle comprend trois facteurs importants : 1) le modèle d'affectation des infirmières ; 2) un équipement et des fournitures médicales adéquats ; et 3) le contrôle des infections.
Les infirmières travaillent par roulement de huit heures. À chaque roulement, trois catégories de personnels infirmiers sont déployées : infirmières primaires (infirmières prodiguant des soins infirmiers avancés) ; infirmières auxiliaires (infirmières responsables des tests, du nettoyage des surfaces, du retournement des patients, de l'hygiène personnelle et autres) ; et infirmières de réserve (pour remplacer les infirmières primaires et auxiliaires en cas d’urgence). La communication entre tous les membres de l’équipe est assurée par le biais des applications de médias sociaux. La description du poste est précisée dans la fiche d'affectation de chaque poste individuel.
La salle d'isolement est aménagée selon les recommandations du CDC et est entièrement dotée du matériel et des machines nécessaires à la prise en charge du patient. Pour minimiser les déplacements des infirmières, tout l’équipement de protection individuelle (EPI) nécessaire est disponible sur place, y compris des quantités suffisantes de fournitures médicales, de consommables et de médicaments.
L'établissement se conforme strictement à l'utilisation des EPI pour protéger le personnel médical et les patients. Toutefois, la salle n’est pas à pression négative et ne comporte pas de sas. Il n’y a pas non plus de système de contrôle capable d’assurer douze changements d'air par heure. Pour remédier à ce problème, on utilise un système de ventilation naturelle et la porte est ouverte deux fois par jour ou en fonction des besoins (au moment d’effectuer une procédure d'aérosolisation).
On limite les déplacements du patient. Chaque déplacement doit être considéré comme médicalement essentiel par les cliniciens, conformément aux recommandations du CDC. Les surfaces sont systématiquement nettoyées et désinfectées, en particulier les surfaces à contact élevé, visiblement sales ou contaminées par des liquides organiques, toujours conformément aux recommandations du CDC.
Les échantillons à tester sont conditionnés dans un emballage à trois couches, avec une étape supplémentaire : nettoyer le tube à échantillon au chlore → envelopper le tube à échantillon dans du papier absorbant → vaporisation de chlore → placer dans le sachet hermétique → mettre dans le conteneur d'expédition.
Les soins infirmiers se sont avérés être l'un des rôles les plus importants dans le traitement et le rétablissement des patients atteints de la COVID-19. Grâce au modèle de soins en équipe et au respect strict du contrôle des infections, le patient s'est rétabli et a quitté l’hôpital sans avoir subi d’infection croisée à aucun moment de son traitement.