Technologie 3D – Dispositif de fixation orotrachéal : innovations dans les soins infirmiers pour bâtir un monde plus juste et en meilleure santé

JII
6 Avril 2021
Cover

 IND Case Study 2021: Portugal 3D device

À l’occasion de la Journée mondiale de la santé 2021, le CII est heureux de vous présenter le témoignage d’un infirmier faisant preuve d’innovation au Portugal et qui contribue à bâtir un monde plus juste et en meilleure santé, en concevant et en imprimant un dispositif de fixation orotrachéal en 3D améliorant la gestion des voies respiratoires et la rendant plus sûre, facile à utiliser et accessible.

Mário Ricardo Cardoso Gomes fait partie de l’équipe du bloc opératoire d’un hôpital central privé de Lisbonne (CUF Infante Santo), qui dispense des soins aux patients atteints de COVID-19 requérant une intervention chirurgicale d’urgence. À l’instar de ses collègues, Mário a ressenti une pression, une appréhension et une angoisse intenses face à cette nouvelle menace. Il a fait de son mieux pour se préparer, en très peu de temps, à faire face à cette situation de pandémie imminente, sachant que les infirmières et les infirmiers, comme tous les professionnels de santé, sont formés pour prendre en charge des patients infectés et contagieux, avec tous les risques qu’implique ce travail.

Malgré la formation, Mário a ressenti la pression particulière de la pandémie, due au sous-investissement chronique et généralisé dans le secteur de la santé, et qui se traduit par l’insuffisance de ressources matérielles et surtout, humaines, et par l’urgence de s’adapter à une nouvelle réalité exigeant de chacun de se réinventer et de s’adapter au mieux.

S’adapter – Mário est doué pour cela ! Alors qu’il prenait en charge des patients atteints de COVID-19, il a remarqué qu’ils avaient besoin d’une fixation sûre de la sonde orotrachéale durant l’intubation et / ou la manipulation du circuit respiratoire, afin d’empêcher l’aérosolisation. Il s’est rapidement rendu compte que les solutions existantes pour les voies aériennes étaient inefficaces et défaillantes en termes de sécurité, d’accessibilité et de manipulation. Selon lui, il n’existait pas d’équipement approprié, sûr, facile d’accès et à manipuler, garantissant concrètement la sécurité des procédures tant pour les patients que pour les professionnels et qui soit facilement accessible à tous les professionnels au Portugal.

En étudiant de près le problème pour trouver une solution, Mário a vu cela comme une occasion et un défi permettant d’employer certaines de ses compétences acquises dans le cadre de son nouveau passe-temps : la modélisation et l’impression en 3D. Avec son ami Márcio Pereira, il a œuvré à donner corps à son idée et à faire en sorte que ce dispositif soit facile d’accès pour pratiquement tous les professionnels et les institutions de santé. De nombreuses améliorations ont été apportées à la conception pour aboutir à la version finale ! Après la diffusion des premiers prototypes fonctionnels dans le milieu scientifique, ils ont été d’emblée et largement adoptés, les retours d’information étant élogieux. Grâce à un réseau de bénévoles disposant d’imprimantes 3D, ils ont entrepris la tâche herculéenne d’imprimer plusieurs milliers de dispositifs de qualité en un temps record, les livrant à ceux qui en avaient le plus besoin durant la période critique de la pandémie.

Au fur et à mesure de l’évolution du dispositif, des variantes du modèle standard ont vu le jour en raison des besoins particuliers de certains contextes cliniques, à savoir les contextes pédiatrique et extrahospitalier.

À l’heure actuelle, la plupart des hôpitaux nationaux du Portugal (publics et privés) utilisent le dispositif dans leurs services et plusieurs pays (Angleterre, Bolivie, Brésil, Canada, Pérou, Venezuela, etc.) l’ont commandé. Les dernières touches sont apportées au dispositif avant la commercialisation internationale par la société britannique DUPALUK.

Mário estime que dans la période qui suivra la pandémie, cette méthode de fixation de la sonde orotrachéale fera évoluer les modèles de gestion des voies respiratoires, tant au niveau hospitalier (approche des patients infectés dans la salle d’urgence, le bloc opératoire, l’unité de soins intensifs, etc.) qu’extrahospitalier (où l’inconnu est un facteur omniprésent). À l’avenir, cela deviendra certainement un dispositif standard en matière de gestion des voies respiratoires.

« De manière générale, les infirmières et les infirmiers portugais sont non seulement des professionnels hautement qualifiés », a déclaré Mário, « mais ce sont également des professionnels qui, poussés par le quotidien, sont très inventifs et efficaces en vue de mobiliser des ressources alternatives permettant de palier les failles chroniques ou ponctuelles du système. »