Collaboratrice : Prabhath Kalkura, Inde
On estime que 69,2 millions d’adultes vivent avec le diabète sucré en Inde. Une récente étude internationale a révélé que l’état des personnes atteintes de diabète s’aggravait avec le temps, augmentant les complications, notamment cardiovasculaires (23,6 pour cent), les problèmes rénaux (21,1 pour cent), la rétinopathie (16,6 pour cent) et les ulcères au pied (5,5 pour cent). En Inde, la prévalence des complications microvasculaires est plus élevée chez les personnes diabétiques analphabètes et au bas de l’échelle économique.
Les complications au niveau du pied comptent parmi les plus courantes et débilitantes du diabète. Elles entraînent des défis multidimensionnels comme une plus grande fréquence des hospitalisations, des conséquences sociales, émotionnelles, une hausse des dépenses de santé et un fardeau financier. Elles peuvent grandement compromettre la mobilité de la personne, son indépendance fonctionnelle et sa qualité de vie. À l’échelon mondial, toutes les 30 secondes, une personne diabétique est amputée. En Inde, annuellement, environ 50 000 personnes perdent leurs pieds à cause du diabète. Les infirmières jouent un rôle essentiel en matière de prévention des problèmes de pied diabétique et de soins et de sensibilisation des patients à risque.
En l’absence de connaissances sur les complications du diabète, il est très important de mieux sensibiliser et d’améliorer les connaissances pour ce qui est de la prévention et du traitement de ces complications dans la région du Karnataka en Inde.
Pour traiter ce problème, une approche multidimensionnelle, baptisée Soins du pied diabétique : aller de l’avant, a été adoptée pour améliorer la qualité des soins du pied et soutenir les familles touchées. Le projet comprend une formation de renforcement des capacités pour différents niveaux de professionnels de santé, une mobilisation sociale pour éveiller les consciences, une communication destinée à faire évoluer les modes de vie et changer les comportements, la création de différents niveaux de cliniques pour pied diabétique et la recherche sur les soins en la matière. Le projet a été soutenu par la Fondation mondiale du diabète. Le Manipal College of Health Professionals et Kasturba Hospital – Manipal Academy of Higher Education, a été le principal bénéficiaire du projet.
Le modèle de système de Betty Neuman a été intégré dans le modèle de prestation de services. Cela permet une approche globale, exhaustive et systémique des soins infirmiers intégrant des éléments de souplesse. La théorie se concentre sur le rapport de la personne au stress, sa façon d’y réagir et les facteurs de reconstitution, progressifs par nature.
La cheffe de projet était une infirmière ; le chercheur principal, l’éducateur sanitaire principal et le clinicien étaient des physiothérapeutes. Une fois que les soins améliorés pour le pied diabétique ont été mis en place dans les établissements ciblés, une campagne de sensibilisation a été lancée dans les collectivités proches. Cette campagne comprenait des structures de sensibilisation et de dépistage, où les cas de diabète connus et les personnes à risque recevaient des soins au pied de premier niveau, les cas compliqués étant orientés vers d’autres structures.
Une unité mobile a été créée pour les services de soins du pied dans les zones plus reculées, sensibilisant les personnes et assurant des activités de dépistage. Cela a permis d’atteindre un plus grand nombre de personnes vivant dans les zones rurales. Le projet a permis de former 358 infirmières et 175 physiothérapeutes. Plus de 11 000 personnes ont été dépistées pour une complication du pied diabétique et plus de 113 000 pour le diabète sucré.
Le projet a également touché plus d’un million de personnes à travers les médias, en attirant l’attention sur cette maladie fréquente.