Le rapport de référence sur la situation du personnel infirmier dans le monde (State of the World’s Nursing Report – 2020) publié par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Conseil International des Infirmières (CII) et Nursing Now, affirme qu'un personnel infirmier bien formé, valorisé et doté de ressources suffisantes peut améliorer la santé et le bien-être de tous les habitants de la planète.
Publié opportunément pendant l'Année internationale du personnel infirmier et des sages-femmes et alors même que sévit la pandémie de COVID-19, dans un contexte où la dépendance du monde à l'égard de ses travailleurs de santé apparaît clairement, le rapport fournit une analyse inédite des effectifs et de la nature du personnel infirmier dans le monde. Exploitant des données provenant de plus de 190 États Membres de l'OMS, le rapport fournit les éléments et les données nécessaires pour éclairer les gouvernements sur l'orientation à donner à leurs investissements afin qu’ils aient la plus grande influence possible sur la santé des populations. Les principaux messages du rapport à l’intention des gouvernements concernent la nécessité d'investir dans une intensification considérable de la formation du personnel infirmier, la création de six millions de nouveaux emplois infirmiers d'ici à 2030 et le renforcement du leadership des infirmières et des infirmiers.
Mme Annette Kennedy, Présidente du CII, relève que :
« Ce rapport fondamental, basé sur des données probantes, donne un instantané de la main-d'œuvre infirmière dans le monde. Je remercie nos associations nationales d'infirmières, ainsi que les gouvernements du monde entier, d’avoir contribué à la richesse des informations contenues dans ce document.
« Les données recueillies nous permettent de constater pour la première fois les variations très importantes du nombre d'infirmières entre les pays et les continents, et donc là où l'investissement est le plus nécessaire. Ce rapport sera extrêmement précieux en tant que référence sur laquelle les gouvernements pourront s'appuyer pour développer leurs ressources en matière de soins infirmiers, afin que chacune et chacun puisse bénéficier du service irremplaçable que seules les personnels infirmiers sont capables de fournir. »
M. Howard Catton, Directeur général du CII, observe pour sa part que :
« Maintenant que les données sont disponibles, qu’espèrent les infirmières ? Tout simplement que les dirigeants politiques s'engagent à appliquer l’intégralité des recommandations du rapport de l’OMS. Il ne s’agit pas là d’une question de choix ou d’une simple bonne idée dans le cadre de la pandémie de COVID-19 : il s’agit d’une véritable obligation !
« Personne n’aurait imaginé que l'Année du personnel infirmier et des sages-femmes prenne cette tournure – mais l'épidémie de COVID-19 est la démonstration la plus convaincante de la raison pour laquelle nous devons soutenir notre personnel infirmier et lui consacrer des investissements.
« Nous appelons donc les dirigeants du monde entier à s'engager à nommer des infirmières en chef au niveau gouvernemental ; à renforcer les systèmes de santé grâce à des plans à long terme qui mettent les soins infirmiers et le personnel de santé au cœur de leurs dispositifs ; et à s'engager pour que les travailleurs de santé disposent effectivement des équipements de protection individuelle dont ils ont besoin.
« Nous devons admettre qu'aucun pays n'est une île et que la crise actuelle est d’ampleur internationale et véritablement mondiale. Dans ce cadre, nous avons besoin d'une coopération transfrontalière pour acheminer les fournitures indispensables aux travailleurs de santé, pour échanger des pratiques optimales et pour veiller à ce que les fabricants se mobilisent. Ce serait une immense tragédie si nous ne tirions pas les leçons de cette pandémie. Nous devons prendre des mesures concrètes en matière d'investissement, de soutien et de renforcement des systèmes de santé et du personnel de santé à l'avenir. Nous appelons le personnel politique à faire preuve du même courage que les infirmières et les infirmiers qui luttent actuellement contre la COVID-19. Faites preuve du même courage dans l’exercice de votre rôle politique et dites “oui” à l’application de toutes les recommandations du rapport de l’OMS ! »
Le rapport présente des arguments convaincants en faveur d'une décennie d'action destinée à accroître sensiblement les investissements dans la formation, l'emploi et le leadership des infirmières et des infirmiers, dans le cadre des initiatives mondiales pour atteindre les Objectifs de développement durable et pour assurer une couverture médicale universelle ainsi que « la santé pour tous ».
Des données provenant de 191 pays révèlent que l’on compte 19,3 millions d'infirmières et infirmiers professionnels sur un effectif total de 27,9 millions de personnels infirmiers, mais que leur répartition dans le monde n'est pas uniforme, avec des ratios infirmières/population moins favorables dans les pays à revenu intermédiaire et faible.
Le rapport indique aussi que 36 millions de personnels infirmiers seront nécessaires d'ici à 2030 et que cet objectif ne sera atteint que si le nombre total de diplômés en soins infirmiers augmente de 8 % par an en moyenne. Si ce rythme n’est pas atteint, il manquera 4,6 millions d'infirmières et infirmiers d'ici à 2030, principalement dans les régions d'Afrique, d'Asie du Sud-Est et de la Méditerranée orientale.
Composée d'environ 90 % de femmes, la profession infirmière reste confrontée à la discrimination et à l'inégalité, notamment en matière de rémunération, ainsi qu’aux préjugés sexistes. Les statistiques du rapport montrent qu'un tiers des infirmières déclarent ne pas être respectées ou valorisées et qu’un quart disent avoir été victimes de harcèlement sexuel. Cela démontre l'importance d’appliquer des politiques de travail tenant compte du genre pour soutenir une main-d'œuvre majoritairement féminine.
L’une des conclusions les plus frappantes du rapport est la répartition inégale du personnel infirmier dans le monde, un problème aggravé par le recrutement, par les pays riches, de personnels infirmiers dans les pays à revenu faible à intermédiaire.
Howard Catton relève à ce propos que :
« Tous les pays doivent s'engager concrètement pour assurer leur propre autosuffisance en main-d'œuvre. La COVID-19 prouve que notre main-d'œuvre infirmière est au cœur de la préparation et de la solidité des systèmes de santé ; elle montre également qu'investir dans les infirmières et les travailleurs de santé est bon pour nos économies, pour notre sécurité nationale et même pour nos libertés individuelles. »
Dans de nombreux pays, un grand nombre d'infirmières approchent de l'âge de la retraite. Ces pays doivent prendre des mesures urgentes pour augmenter le nombre d’élèves infirmières en formation, de manière à contrebalancer le départ prochain à la retraite des membres les plus expérimentés et valorisés de la force de travail. Mais le CII insiste aussi sur le fait que si le recrutement et la formation sont extrêmement importants, il en va de même de la fidélisation de la main-d’oeuvre employée actuellement, grâce à l’amélioration des conditions de travail et à la revalorisation des salaires.
Annette Kennedy conclut que :
« Dans cinq ou dix ans, quand nous relirons ce rapport, nous serons en mesure de constater les améliorations apportées à la santé mondiale dès lors que les investissements nécessaires auront été consentis. Mais nous serons aussi en mesure de voir quels pays ne se seront pas montrés à la hauteur des espérances de leurs populations en ne procédant pas aux investissements requis dans leur main-d’oeuvre infirmière.
« La pandémie de COVID-19 montre au monde la vraie valeur des soins infirmiers. Le moment est venu pour des politiciens courageux de prendre des décisions audacieuses et opportunes, qui marqueront l’histoire et seront saluées par les prochaines générations. »
Cliquez ici pour lire le State of the World’s Nursing Report – 2020 (en anglais) ou son résumé d’orientation en français
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