Le Conseil International des Infirmières (CII) a organisé récemment un webinaire consacré à la situation des soins infirmiers en Asie du Sud-Est. Présidé par Howard Catton, Directeur général du CII, le webinaire a pu compter avec des contributions du Dr Pamela Cipriano, Présidente du CII ; de Nanthaphan Chinlumprasert, Lian-Hua Huang et Megumi Teshima, membres du Conseil d’administration du CII ; d'Ai Tanimizu, conseillère technique de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour les soins infirmiers dans la région du Sud-Est asiatique (SEARO) ; des dirigeants de six associations nationales d'infirmières (ANI) de la région ; et enfin de Hoi Shan Fokeladeh, conseillère du CII pour les politiques de soins infirmiers et de santé.
Dans son discours d'ouverture, le Dr Cipriano, soulignant que l’efficacité du CII dépendait d’une bonne compréhension de la situation sur le terrain, a dit beaucoup apprécier l’occasion d'entendre des ANI de la région de l'Asie du Sud-Est. Le CII, a-t-elle relevé, doit reconnaître que si de nombreux problèmes – s’agissant notamment de la main-d'œuvre – sont similaires dans le monde, ils se teintent de nuances différentes selon les pays et régions. La Présidente a déclaré que les discussions pendant le webinaire permettraient d'éclairer et d'améliorer la communication et la compréhension du CII sur la façon dont l’organisation et ses membres vont de l’avant, ensemble.
Mme Nanthaphan Chinlumprasert, membre du Conseil d'administration du CII pour la région de l'Asie du Sud-Est, a souligné que le webinaire serait l'occasion pour les collègues de la région d’échanger leurs points de vue sur le développement de la profession infirmière. Elle a ajouté que la pandémie de COVID-19 avait imposé des changements et des adaptations qui ont été ressentis par l'ensemble de la région : elle a conclu que le moment était venu de partager ces expériences et de renforcer le réseau en vue d'une collaboration future.
M. Catton, pour sa part, a mis en évidence certaines activités récentes et importantes du CII, notamment la réunion de la Triade ; la participation du CII à l'Assemblée mondiale de la Santé ; et la Journée internationale des infirmières (JII) du 12 mai, avec notamment le rapport publié à cette occasion sur le thème général La profession infirmière, une voix faite pour diriger, l’accent portant cette année sur Investir dans les soins infirmiers et respecter les droits pour garantir la santé mondiale.
Notre Directeur général a également mentionné les Orientations stratégiques mondiales de l’OMS pour les soins infirmiers et obstétricaux, axées sur la nécessité d'investir dans la formation, les emplois et le leadership des infirmières, ainsi que dans la pratique infirmière et la prestation des services de soins infirmiers. M. Catton a souligné que le rapport relatif à la JII présentait de nombreux exemples concrets et politiques propices à la mise en œuvre des Orientations stratégiques.
Mais la publication du CII, a ajouté M. Catton, aborde aussi deux autres questions essentielles : la sécurité des infirmières ainsi que leur santé et leur bien-être. Ces questions ont été incluses en raison non seulement de l'impact de la pandémie, mais aussi de la montée de la violence contre le personnel infirmier et les autres travailleurs de santé, tant dans les zones de conflit – Ukraine, Yémen, Myanmar, Afghanistan et Éthiopie, entre autres – que dans des zones non conflictuelles. Cette tendance inquiétante a été mise en évidence par le CII et ses partenaires, le Comité international de la Croix-Rouge et l'Association médicale mondiale, dans un nouveau rapport qui montre une augmentation de 60% des attaques contre la santé physique et mentale des infirmières et de leurs collègues.
M. Catton a également indiqué que la Journée internationale des infirmières avait marqué le lancement officiel de la collaboration du CII avec la BBC dans l’initiative Caring with Courage, une série de clips vidéo destinés à mettre en lumière la réalité des soins infirmiers contemporains. Le CII a travaillé avec la BBC pour produire treize vidéos sur la pratique infirmière, l'innovation infirmière et les modèles infirmiers, qui seront autant de témoignages forts de la réalité du travail des infirmières partout dans le monde, dans des contextes dont le public n'a pas toujours conscience. M. Catton a encouragé les participants à utiliser ces vidéos comme autant d’outils de lobbying et de plaidoyer dans leurs régions et leurs pays.
Le Dr Cipriano a ensuite rendu compte des réunions de la Triade qui ont rassemblé le CII, la Confédération internationale des sages-femmes (ICM) et l'OMS dans le but, entre autres, de s'assurer que les trois organisations sont alignées pour accélérer la mise en œuvre des Orientations stratégiques mondiales pour les soins infirmiers et obstétricaux. Quelque 650 délégués de 165 pays ont participé à ces réunions, marquées par une forte présence virtuelle. Le format en ligne a également permis d'ouvrir la réunion à des enseignants.
Les discussions de la Triade, a dit Mme Cipriano, ont montré que les répercussions de la COVID-19 avaient exacerbé les besoins en termes d'investissements, la pandémie ayant perturbé non seulement la main-d'œuvre infirmière mais aussi la prestation des services de santé en général. Il est clair, a relevé la Présidente, que les Orientations stratégiques se concentrent réellement sur les principaux domaines qui doivent bénéficier d’investissements : formation, emplois, prestation des services et leadership. Le sous-investissement est un risque sérieux du point de vue tant des infirmières – en termes de possibilités de formation et d'avancement, de sécurité du cadre de travail et de rémunération juste et équitable – que de la réalisation de la couverture sanitaire universelle. Le Dr Cipriano a assuré que ces préoccupations étaient au cœur des prises de position du CII et de sa communication en faveur de la création et du maintien d’une main-d'œuvre robuste.
Le Dr Cipriano a aussi souligné l'importance, pour les infirmières, d'être en mesure de pratiquer dans toute la mesure de leur formation afin de pouvoir influencer et adapter de nouvelles stratégies et de nouveaux modèles de soins. Il importe à cet égard d'utiliser les partenaires médiatiques du CII pour faire passer le message que les infirmières sont capables d’innover et de créer – le projet Caring with Courage de la BBC étant un bon exemple, a ajouté Mme Cipriano.
Enfin, la Présidente du CII a souligné la nécessité de poursuivre le dialogue concernant une mise à jour du rapport de l’OMS sur la situation du personnel infirmier dans le monde afin de disposer de données qui permettront de comprendre ce qu’il s'est vraiment passé pendant la pandémie : dans certains pays en effet, quelque 20% du personnel ont quitté le secteur infirmier, a mis en garde Mme Cipriano.
Hoi Shan Fokeladeh, conseillère politique du CII, a ensuite rendu compte des activités de la délégation du CII, forte de 70 personnes, à l'Assemblée mondiale (virtuelle) de la Santé, qui s'était également tenue en mai.
Les relations officielles du CII avec l'OMS lui permettent de contribuer à l’ordre du jour de l'AMS, a d’abord relevé Mme Fokeladeh. Elle a précisé que la délégation du CII était composée d'infirmières et d'infirmiers de quarante pays, de représentantes d’ANI, de participants et d'anciens participants au Global Nursing Leadership InstituteTM ainsi que de membres du personnel du CII. Nous avons prononcé des interventions sur les ressources humaines pour la santé, le renforcement de la préparation et de la réponse de l'OMS aux urgences sanitaires, la prévention et le contrôle des infections, la dimension de santé publique du problème mondial de la drogue, l'initiative Santé mondiale pour la paix, la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles, ainsi que les transplantations d'organes et de tissus humains. La possibilité de prononcer des déclarations fait de l'AMS une plate-forme importante pour la défense de la santé mondiale au nom des 28 millions d'infirmières et d’infirmiers dans le monde, a aussi estimé Mme Fokeladeh.
Le rapport du CII sur l'Assemblée mondiale de la Santé, a ajouté Mme Fokeladeh, présente les principales considérations de politique infirmière dans le contexte actuel des enjeux de santé mondiale que le CII a jugés prioritaires pour notre profession. Le rapport montre aussi où et comment il conviendrait de concentrer les efforts pour améliorer la santé et les soins : à ce titre, a fait observer Mme Fokeladeh, la communauté du CII pourra s’en servir pour orienter le travail de lobbying et de sensibilisation.
Enfin, Mme Fokeladeh a insisté sur le soutien exprimé par le Directeur général de l’OMS au CII. Le Dr Tedros a en effet tweeté que « les infirmières ont montré à maintes reprises qu'elles sont la pierre angulaire de la santé dans le monde entier et je salue leur dévouement inlassable et leur détermination. Merci au CII pour sa collaboration étroite avec l'OMS afin de faire progresser les soins infirmiers. »
Pour sa part, la conseillère technique de l'OMS pour les soins infirmiers dans la région SEARO, Mme Ai Tanimizu, a attiré l'attention des participants sur le lien entre les Orientations stratégiques mondiales pour les soins infirmiers et obstétricaux et les priorités régionales de l'Asie du Sud-Est, notamment l'éducation transformatrice, le maintien en milieu rural, la gouvernance et la prestation des services, les données et l'information, ainsi que les migrations internationales. Le Dr Tanimizu a constaté que, depuis dix ans, l'attention s’était focalisée sur les questions relatives au personnel de soins de santé primaires, notamment sa distribution, sa composition, ses compétences et sa performance. Elle a appelé les présidentes des ANI à contribuer à la collecte et à la mise à jour des données concernant ces aspects importants.
Mme Tanimizu a ensuite indiqué que la 75e réunion du Comité régional de l’OMS pour l'Asie du Sud-Est, composé des onze États membres et de membres invités, dont le CII, se tiendrait du 5 au 7 septembre à Paro, au Bhoutan. Elle a recommandé aux présidentes des ANI de la région d’assister à cette réunion qui portera sur la formulation des politiques, la supervision des programmes régionaux et l'approbation de nouvelles initiatives.
Le Dr Tanimizu a ajouté que deux publications concernant les soins infirmiers étaient en cours de préparation pour la réunion du Comité régional : un rapport sur la profession infirmière dans la région de l'Asie du Sud-Est, avec un accent particulier sur le Bhoutan, l'Indonésie, les Maldives, Sri Lanka, la Thaïlande et Timor-Leste ; et un outil régional d'évaluation des compétences, destiné aux formateurs en soins infirmiers.
Interventions d’associations nationales d’infirmières d'Asie du Sud-Est
Inde
Dr T. Dileep Kumar, Président de l'Indian Nursing Council
Le Dr Kumar a remercié l'OMS, le CII et les ANI d'avoir inscrit les soins infirmiers à l'ordre du jour mondial. Il a déclaré que les Orientations stratégiques mondiales pour les soins infirmiers et obstétricaux, en se concentrant sur quatre domaines clefs, avaient bien saisi tous les problèmes auxquels l'Inde est confrontée.
Le Dr Kumar a ajouté que la visibilité de notre profession n'a jamais été aussi bonne, grâce à l’attention dont nous avons fait l’objet pendant l'Assemblée mondiale de la Santé de même qu’à l’immense contribution des infirmières à la lutte contre la COVID-19. Il a souligné que les personnels infirmiers de l'Inde et d'autres pays s'étaient rassemblés comme jamais auparavant pendant la pandémie par le biais de réunions et de discussions virtuelles. Ce faisant, ils ont été en mesure d’influencer les décideurs politiques et les gouvernements. L’Indian Nursing Council, Jhpiego, la Trained Nurses Association of India et la All India Government Nurses Federation, qui coopèrent pour appliquer les Orientations stratégiques en Inde, constatent que leurs recommandations sont prises en compte au niveau du gouvernement national.
Le Dr Kumar a ensuite déclaré qu’une importante réforme politique à venir était la modification de la loi sur l’Indian Nursing Council, inchangée depuis 1947. Le nouveau projet de loi a été finalisé par le gouvernement et est sur le point d'être soumis au Parlement. Ce nouveau texte de loi devrait exercer une grande influence sur l'amélioration et la promotion des soins infirmiers, ainsi que sur le niveau d’enseignement. D’autre part, des données sont collectées pour suivre les quelque 2,3 millions d'infirmières et d’infirmiers en Inde et envisager comment mieux les soutenir ; parallèlement, on procède au renforcement du système de formation du personnel infirmier.
Sri Lanka
Prof. Sudath S.P. Warnakulasuriya, Président de la Sri Lanka Nurses Association
M. Warnakulasuriya a souligné qu'en dépit des crises financière, économique et politique auxquelles Sri Lanka est actuellement confrontée, la Sri Lanka Nurses Association continuait à soutenir ses membres en organisant des ateliers et des séminaires de formation, soutenus par le CII, ainsi que des programmes de formation aux catastrophes. Ces dernières années, outre la pandémie, les infirmières ont dû relever d'autres défis, tels que des attaques terroristes et des catastrophes naturelles. Les infirmières ont joué un rôle central pour faire face à ces situations qui ont gravement affecté leur formation ainsi leur perfectionnement professionnel. La COVID-19 a eu des effets particulièrement délétères en raison du manque de fournitures, d'EPI et de moyens de transport, sans compter les problèmes d'horaires de travail. Malgré cela, les personnels infirmiers n’ont jamais cessé de travailler tout au long de la pandémie, se sacrifiant pour le bien de la population et du service national de santé. Dix infirmières sont mortes pendant la pandémie, tandis que – vu « l'effet COVID » et l'instabilité du pays – de nombreux personnels cherchent maintenant du travail à l’étranger, ce qui entraîne une pénurie.
M. Warnakulasuriya a conclu qu'il était urgent de s'attaquer aux causes profondes des migrations d’infirmières ainsi que d'apporter les changements politiques et réformes nécessaires à la formation et au perfectionnement professionnel des infirmières.
(M. Catton a précisé que les questions soulevées par M. Warnakulasuriya seraient abordées pendant le Forum du CII sur la main-d'œuvre qui sera organisé par la Thai Nurses Association à Bangkok, en mars prochain.)
Thaïlande
Dr. Siriorn Sindhu, Présidente de la Thai Nurses Association
Le Dr Sindhu a d’abord assuré qu’elle et ses collaborateurs étaient impatients d'accueillir leurs collègues lors du Forum du CII sur la main-d’œuvre, en mars 2023, pour partager leurs expériences.
Mme Sindhu a ensuite présenté l'évolution des politiques de soins infirmiers en Thaïlande. Elle a indiqué que la gestion des soins de santé primaires avait été transférée du ministère de la santé publique au ministère de l'intérieur, avec les changements organisationnels que cela implique. Ce changement ouvrant aux infirmières la possibilité d'occuper des postes plus élevés, il est envisagé d'introduire des cours de courte durée (quatre à six mois) afin de préparer à des rôles de direction quelque 20 000 à 30 000 infirmières devant être affectées aux soins de santé primaires. Ce plan nécessiterait un investissement de la part du gouvernement. Bien qu'il soit difficile de garantir que les infirmières reçoivent la formation nécessaire pour assumer les rôles de direction, les soins infirmiers sont déjà très présents dans les soins de santé primaires, s’agissant notamment des soins médicaux et des maladies chroniques, y compris les soins de fin de vie ou palliatifs à domicile ou dans la communauté.
Le Dr Sindhu a constaté que si gouvernement reconnaissait l'importance de renforcer les soins de santé primaires grâce aux infirmières, le financement restait insuffisant. La Thaïlande connaît une pénurie de quelque 30 000 personnels infirmiers par an et il est donc essentiel que le gouvernement investisse dans la formation des infirmières et soutienne les étudiantes et les écoles d'infirmières. Au niveau supérieur (master et doctorat), des investissements supplémentaires sont nécessaires dans des domaines tels que les soins cardiovasculaires et le cancer. Selon le Dr Sindhu, bien que les investissements dans les services de santé thaïlandais aient augmenté au cours des cinq à dix dernières années, cela n'a pas suffi à améliorer la qualité des soins spécialisés.
En résumé, le Dr Sindhu a déclaré que la tâche de son Association était de montrer que les soins infirmiers ne constituent pas un coût mais un source potentielle de richesse, et qu’il appartenait donc au gouvernement d’investir.
Myanmar
Daw Yin Mya, Présidente de la Myanmar Nurse and Midwife Association
Mme Mya a attiré l'attention des participants sur la crise politique qui a secoué son pays en 2021 et qui a poussé deux tiers des infirmières et des sages-femmes à quitter leur travail. Bien que des programmes financiers et sociaux aient été lancés pour soutenir ces infirmières, il est difficile de les contacter. Cela entraîne une grave pénurie d'infirmières et de sages-femmes dans les hôpitaux et dans la communauté, a ajouté Mme Mya.
La présidente de l’association du Myanmar a expliqué avoir demandé, avant le webinaire, à un groupe d'infirmières expérimentées et novices si elles avaient un message à faire passer au CII. Ces infirmières, a dit Mme Mya, ont répondu que le CII devait comprendre que leur pays n'était pas dans une situation stable ni pacifique. Elles ont exhorté le CII à organiser des formations au leadership à l’intention non pas des infirmières âgées mais plutôt de leurs jeunes consœurs, afin qu'elles soient prêtes à assumer des rôles de leadership.
Indonésie
Dr Agung Waluyo, Chef des collaborations internationales et nationales, au nom de M. Harif Fadhillah, Président de l’Indonesian National Nursing Association
La situation en Indonésie est similaire à celle de la Thaïlande, a fait remarquer le Dr Waluyo : le problème consiste à convaincre le gouvernement et les décideurs politiques que l'investissement dans les soins infirmiers et les soins de santé n'est pas un coût mais une source potentielle de richesse.
L'Indonésie est, elle aussi, confrontée à une pénurie de personnel infirmier due à la pandémie, laquelle a entraîné le décès de quelque 700 infirmières et infirmiers. Les salaires bas et l'inflation rendent la situation particulièrement difficile pour les infirmières dans certaines provinces. En général, il n'existe pas de plan de carrière clair et les normes de formation varient considérablement, ce qui complique encore la situation pour les infirmières, a expliqué le Dr Waluyo.
Le Dr Waluyo a déclaré que l'Association indonésienne abordait ces questions en restant unie et en essayant de donner des moyens d'action et de défendre les intérêts de ses collègues dans les provinces, ainsi qu'en traitant avec les décideurs politiques au niveau des gouvernements locaux. L'association s'attaque à la pénurie d'infirmières aux niveaux national et local en demandant une amélioration de la structure de carrière et des systèmes de rémunération, ainsi qu'une meilleure formation au niveau universitaire.
Le Dr Waluyo a enfin exprimé sa gratitude au CII et à l'OMS pour leur soutien.
Débat présidé par Howard Catton
Au cours de la discussion qui a suivi les interventions des ANI, M. Catton a noté que les orateurs avaient tous évoqué les principaux piliers du plan stratégique du CII, soit la main-d'œuvre, la réglementation, la formation, la pratique professionnelle et le leadership. Il a ajouté qu'il était important que le CII soit à l'écoute et qu’il trouve de nouveaux moyens de soutenir les ANI et l'OMS sur ces questions.
S’agissant des interventions des ANI, Mme Chinlumprasert, membre du Conseil d’administration du CII, a déclaré qu'un thème avait été mis en évidence par tous les orateurs : la nécessité pour le CII de continuer à soutenir les ANI de la région dans leurs efforts de reconstruction après la pandémie. Elle a ajouté que la promotion du leadership des infirmières était primordiale pour cette transformation.
Mme Chinlumprasert a enfin estimé que les discussions avaient montré clairement l'importance du Forum sur la main-d'œuvre qui se tiendra à Bangkok, l'année prochaine, pour aborder ces questions dans la perspective régionale.
Quant à Mme Lian-Hua Huang, troisième vice-présidente du CII, elle a fait remarquer que le leadership était un principe cardinal du travail du CII, et a évoqué à ce propos les programmes de formation au leadership du CII, notamment le Global Nursing Leadership Institute (GNLI) et le programme Diriger le changement (DLC). Le Dr Huang a expliqué que ces programmes étaient conçus pour munir les infirmières des connaissances et des stratégies nécessaires pour diriger et gérer les services de santé au profit de la population.
Évoquant ensuite son travail avec la Taiwan Nurses Association (TWNA) et le programme DLC, le Dr Huang a indiqué que, depuis 2015, la TWNA avait formé trois volées composées d’infirmières cadres venant non seulement de Taïwan, mais aussi du Myanmar, de l'Indonésie et du Vietnam. Une quatrième cohorte comprenait aussi des infirmières du Mexique, de Mongolie, de Sainte-Lucie et des Philippines.
Le Dr Huang a mis en avant deux initiatives ayant contribué à augmenter les salaires des infirmières. À Macao (Chine), leur rémunération a été portée au niveau des autres employés du gouvernement, tandis que les écoles d’infirmières décernent désormais des titres de niveau diplôme. Le deuxième exemple concerne l'hôpital universitaire de Taïwan, où le Dr Huang a mené avec succès une campagne visant à augmenter le salaire des infirmières de 100 dollars par mois afin de les amener à la parité avec le reste du personnel médical. En conséquence, le salaire moyen des infirmières a augmenté de 11%, ce qui a permis de résoudre le problème de pénurie de personnel infirmier de manière radicale.
Pour conclure, le Dr Huang a félicité l’Indian Nursing Council pour l'excellent travail qu'il a accompli en portant les enseignements dispensés par les écoles d'infirmières de tout le pays au niveau de cours diplômants, ce qui profitera grandement aux patients.
Le professeur Megumi Teshima, de la Japanese Nursing Association, membre du Conseil d'administration du CII, a remercié M. Catton d'avoir exprimé les condoléances du CII à la suite du décès de l'ancien Premier Ministre Shinzo et, ce faisant, rappelé qu’Abe Shinzo avait été un partisan résolu des soins de santé primaires au Japon et dans le monde.
Mme Teshima a ensuite abordé la question du vieillissement de la population en Asie. Elle a fait remarquer qu'au Japon, l'âge obligatoire de la retraite était toujours situé entre 60 à 65 ans, malgré la diversité des capacités physiques et mentales à cet âge de la vie. Elle a cité, à cet égard, le programme japonais consistant à réembaucher les infirmières les plus âgées – l’aînée ayant pas moins de 93 ans. Mme Teshima a fait observer qu'en travaillant ne serait-ce qu'un ou deux jours par semaine, ces infirmières contribuent à réduire la pénurie de personnel tout en préservant leur propre santé physique et mentale. Elle a ajouté que la sécurité des patients était au cœur de ce programme.
Le professeur Teshima a aussi insisté sur l’importance qu’il y a à former la jeune génération de nouvelles diplômées aux côtés d’infirmières plus âgées. L'interaction entre infirmières novices et expérimentées est mutuellement profitable, car elle permet un échange de compétences et expériences nouvelles. « Ensemble, les infirmières peuvent passer le relais avec sagesse à la prochaine génération afin que davantage de personnes puissent mener une vie plus saine et plus heureuse », a conclu Mme Teshima.
M. Catton est revenu sur le thème de la sécurité des patients, sur lequel le CII collabore étroitement avec l'OMS. Le Directeur général a souligné l'importance d’approfondir la coopération entre les deux organisations au niveau régional et mondial, en tant que force puissante pour le changement.
Dans ses remarques finales, la conseillère technique de l'OMS pour les soins infirmiers dans la région SEARO, Mme Ai Tanimizu, a jugé positif que les discussions au cours du webinaire aient porté sur le renforcement des Orientations stratégiques mondiales de l’OMS pour les soins infirmiers et obstétricaux 2021-2025.
Mme Tanimizu a déclaré que, du point de vue de l'OMS au niveau régional, le renforcement des systèmes et du personnel de santé pour progresser vers des soins de santé universels était une priorité absolue. Elle a affirmé que l'OMS entendait travailler encore plus étroitement avec le CII et les ANI.
Mme Tanimizu a salué le leadership solide dont les ANI ont fait preuve pendant les urgences sanitaires récentes et en cours, notamment le changement climatique, les catastrophes naturelles et les crises politiques et économiques. Elle a également fait l'éloge des infirmières de première ligne pour leur travail inestimable et leur dévouement en ces temps difficiles.
En conclusion, Mme Tanimizu a déclaré qu'elle espérait que le CII et les ANI auraient des discussions individuelles avec les Bureaux nationaux et régionaux de l'OMS, de telle sorte que l’Organisation puisse les soutenir dans leur action.
Dans ses propres remarques finales, le Dr Cipriano a remercié tous les intervenants pour leurs contributions précieuses. Elle a insisté sur le fait que le travail du CII et des ANI en collaboration avec l'OMS traduisait vraiment les Orientations stratégiques mondiales pour les soins infirmiers et obstétricaux.
Le Dr Cipriano a déclaré : « Je pense que nos débats montrent que nous sommes à un moment charnière. Votre pays traverse peut-être une crise politique ou économique : quoi qu’il en soit, nous sommes tous d'accord sur le fait que nous traversons aussi une crise des soins infirmiers, laquelle implique à son tour une crise dans la couverture sanitaire universelle. »
Pour Mme Cipriano, la seule façon de résoudre tous ces problèmes est « de travailler ensemble en combinant nos forces et nos ressources ». Un certain nombre de domaines requièrent notre attention collective, a-t-elle ajouté, notamment la main-d'œuvre, l'égalité entre les sexes, l'équité salariale et les questions liées à l’emploi. La Présidente du CII a aussi relevé que les discussions pendant le webinaire avaient montré à quel point le leadership est essentiel pour tous les pays.
Le Dr Cipriano a souligné que le travail sur les piliers stratégiques du CII était renforcé par la collaboration entre les ANI et le CII dans le cadre des Orientations stratégiques mondiales pour les soins infirmiers et obstétricaux :
« Que votre priorité absolue soit d'améliorer le système d’enseignement, de former des cadres, d’adopter des modèles plus efficaces pour améliorer la sécurité des soins, ou encore de garantir des conditions plus sûres et protéger le bien-être de votre personnel – sachez que chacun de ces éléments est absolument essentiel. Nous apprécions le leadership et le travail que chacune ANI accomplit dans son pays car, encore une fois, nous savons que, collectivement, vos efforts amélioreront notre capacité à influencer la santé mondiale », a affirmé le Dr Cipriano.
Notre Présidente a enfin a remercié tous les intervenants et participants au webinaire et les a assurés que le CII se réjouissait de continuer à travailler avec eux pour faire entendre la voix des infirmières, de même que pour influencer les ministres de la santé et les autres décideurs afin qu'ils reconnaissent la valeur des soins infirmiers et la nécessité de renforcer le personnel infirmier. Malgré l'énorme quantité de travail qu’il reste à accomplir, la force du leadership infirmier permet de rester optimiste et de croire que les difficultés seront surmontées, a conclu Mme Cipriano.