La Semaine mondiale des personnels de santé a débuté le 4 avril. Cet événement d’importance vise à renforcer le soutien, le respect et la sensibilisation à l’égard du rôle capital des agents de santé partout dans le monde. S’inscrivant dans le prolongement de l’Année internationale des personnels de santé et d’aide à la personne en 2021, elle souligne également la nécessité de mieux équiper et doter en ressources les professionnels de santé chargés de dispenser des services de santé essentiels à travers le monde. Il s’agit notamment d’investir dans la formation des agents de santé actuels et futurs.
Le CII applaudit et met en avant le travail de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui publie le Cadre mondial de compétences et de résultats dans la perspective de la couverture sanitaire universelle. Ce Cadre, pour la conception duquel le CII a pris une part active, soutient l’enseignement et la formation des agents de santé en vue de renforcer l’accès à des soins de qualité, sûrs et abordables.
Le CII a appelé à ce que la formation des professionnels de santé évolue pour intégrer aux programmes une approche fondée sur les compétences, centrée sur les besoins de la santé et du système de santé. La voix du CII a porté haut et clair, et elle se reflète non seulement dans le document, mais également dans les Orientations stratégiques mondiales de l’OMS pour les soins infirmiers et obstétricaux, qui appellent les pays à « concevoir des programmes d’enseignement fondés sur les compétences. »
L’enseignement fondé sur les compétences se concentre sur l’acquisition de connaissances, d’aptitudes et de comportements dont les résultats sont quantifiables. Il présente des avantages pour les prestataires de services didactiques, les organismes chargés de la réglementation, les professionnels de santé et le grand public, car il améliore l’efficacité de l’apprentissage, la préparation des étudiants à la pratique et, en définitive, les résultats de santé des patients.
Le CII a grandement influé sur l’élaboration du Cadre, en veillant à ce qu’il ne soit pas uniquement axé sur un ensemble limité de tâches, mais qu’il englobe un large éventail de compétences permettant d’acquérir les connaissances, les aptitudes, les comportements et le sens des responsabilités indispensables à des effectifs infirmiers autonomes et en pleine mutation.
Le Cadre reconnaît le caractère multidisciplinaire des soins de santé, tout en faisant le distinguo entre les différents niveaux d’autonomie dans la prise de décision clinique. Il convient clairement de noter que les infirmières disposent d’un champ de pratique plus vaste dans le processus des soins, avec des capacités renforcées de prise de décision clinique, ce qui signifie donc qu’elles ne peuvent et ne doivent pas être remplacées par d’autres agents de santé aux capacités plus limitées.
Le CII a joué un rôle de premier plan dans l’élaboration des compétences, notamment grâce au soutien de l’une des plus grandes théoriciennes mondiales en la matière, le professeur Kristine Gebbie. Kristine est forte d’une longue et prestigieuse carrière en tant qu’infirmière, universitaire et professionnelle en santé publique. Elle est plus particulièrement connue pour avoir assumé en 1993 la fonction de Haut-Responsable de la lutte contre le sida aux États-Unis.
Sous sa direction, le CII a élaboré en 2019 les Compétences de base pour les soins infirmiers en cas de catastrophe 2.0. Cette publication d’une importance capitale est arrivée à point nommé, car elle a aidé les prestataires de formation du monde entier juste avant que ne se déclare l’une des plus grandes catastrophes de notre époque : la pandémie de COVID-19.
Une grande partie de ce travail a été intégré au Cadre mondial de compétences et de résultats de l’OMS dans la perspective de la couverture sanitaire universelle. Nous félicitons l’OMS d’avoir publié ces directives, car elles constituent une norme minimale d’après laquelle la formation des professionnels de santé peut être évaluée.
Nous sommes dans une période des soins de santé où les ressources sont mises à rude épreuve et où l’accès aux soins est menacé. En parallèle, nous observons des progrès rapides dans les technologies, une plus grande complexité des soins, des crises sociétales et humanitaires et un nombre insuffisant d’infirmières pour répondre à la demande. Si l’on veut réaliser la couverture sanitaire universelle, il faut commencer par investir dans les personnels infirmiers, en particulier dans ceux qui seront nos futurs prestataires de soins de santé.
Nous nous tenons aux côtés de l’OMS et appelons les pays à investir de façon active dans la formation et la réglementation des soins infirmiers, en particulier dans la formation fondée sur les compétences.
David Stewart est Directeur associé (consultant) du CII pour les politiques de soins infirmiers et de santé.