Un maître en matière de leadership explique aux infirmières que la clé du bon exercice de l’autorité, c’est d’être le dirigeant que vous rêveriez d’avoir

Congrès
4 Juillet 2023
Simon Sinek

Le Congrès du CII a été l’occasion d’assister à un atelier de maître sur le leadership, conduit par Simon Sinek, le sémillant conférencier mondialement réputé, et par Leigh Chapman, l’Infirmière en chef du Canada.

Au cours de l’atelier de maître, animé par David Stewart, l’Infirmier en chef adjoint du CII, M. Sinek a déclaré que les systèmes de santé ont 10 ou 15 ans de retard sur le monde de l’entreprise pour ce qui est de mettre en œuvre les toutes dernières théories en matière de leadership.

M. Sinek, qui est intervenu par liaison vidéo, a déclaré qu’un trop grand nombre de soins de santé sont gérés par des personnes sans expérience en tant qu’agent de santé, et que la première des priorités des dirigeants doit être de prendre soin des personnes qui les dispensent.

Il estime que les infirmières doivent considérer le leadership comme une pratique devant être constamment améliorée.

« Vous pouvez être le dirigeant que vous rêveriez d’avoir. Le leadership est une pratique, et vous devez continuer de vous instruire. Il est important d’avoir de l’empathie pour vos patients, mais également les unes pour les autres. Vous devriez lire des ouvrages sur le leadership, en discuter et créer un club de lecture. Vous obtiendrez ainsi de nouveaux outils de leadership. Les hauts responsables ne sont pas de mauvaises personnes, en revanche ils doivent améliorer leur exercice de l’autorité. »

Le Dr Chapman a déclaré qu’il est essentiel de mesurer l’importance de leur travail : « Nous devons voir notre travail comme porteur de transformation. Si nous nous concentrons sur les besoins des patients, nous prendrons de bonnes décisions. »

M. Sinek a déclaré qu’il est important que les dirigeants soient réalistes, plutôt que de prétendre que tout va bien et qu’il n’y a pas de problème.

« L’optimisme n’est pas de la naïveté, mais nous ne devons pas prétendre que tout va bien. Nous devons être réalistes. Si un dirigeant prétend que tout est parfait, le personnel n’osera pas relever les choses qui vont mal. »

Il estime que les dirigeants doivent faire preuve de bienveillance et montrer qu’ils se soucient des personnes dont ils ont la charge.

« Lorsque nous prenons soin les uns des autres, les patients sont entre de bonnes mains. Prenez des nouvelles des autres – c’est tout sauf anodin de savoir que quelqu’un se soucie de vous. »

M. Stewart a déclaré que les infirmières doivent prendre le temps, marquer une pause et penser à ce qui s’est passé, en particulier dans des situations traumatisantes, comme lorsqu’un patient meurt malgré la tentative de réanimation ; dans ces cas-là, le personnel a tendance à vaquer à ses autres tâches.

M. Sinek a révélé que la COVID-19 a été très dure pour les infirmières, poussant tout le monde à réfléchir davantage, parce que la peur s’est soudainement emparée d’elles.

« D’un coup, nous nous sommes vraiment inquiétés les uns pour les autres. J’espère que cet aspect humain survivra à la pandémie. Il suffit juste qu’une personne dise : ‘je suis là’. Dire à une personne qu’elle n’est pas seule est le geste le plus fort que l’on puisse lui manifester. Nous sommes mis sous très haute pression. Nous savons ce qu’est l’intégrité, mais le fait d’être soutenu ne serait-ce que par une personne, cela nous donne le courage de faire ce qui est juste. »

Dr Chapman, nommée l’année dernière, a passé beaucoup de temps à sillonner le Canada pour parler aux infirmières sur le terrain. Elle a confié que les infirmières sont très vulnérables : « Lorsque nous évoquons les infirmières, le maître-mot est résilience, mais nous devons également reconnaître notre vulnérabilité. Nous sommes toutes des infirmières, et ce n’est qu’ensemble que nous opérerons les changements dont nous avons besoin. »

M. Sinek a déclaré qu’il n’aime pas utiliser le terme de « santé mentale » ; il parle plutôt de « condition mentale ». « Les gens devraient exercer leur santé mentale, tout comme nous faisons de l’exercice physique. Dans l’armée britannique, il existe des ‘unités de santé mentale’, composées de psychologues et de psychiatres, qui prennent en charge le personnel soignant pratiquant dans des situations de combat. Pourquoi ne pas faire de même dans les soins de santé en général ? Vous avez également pratiqué dans des situations de combat. »

M. Stewart s’est interrogé sur les moyens de traiter les effets destructeurs du corporatisme dans les soins de santé.

M. Sinek a déclaré : « Tout le monde veut appartenir à un groupe, mais il est malsain de penser que notre corporation est la meilleure. Nous travaillons en équipe et nous devons montrer de la gratitude les uns envers les autres. »

Dr Chapman a ajouté : « La reconnaissance et le respect envers nos collègues contribuent à élever le débat pour faire voir ce qu’il y a de mieux pour les infirmières : être solidaires est la clé. »

M. Sinek a suggéré que ce qu’il faut, c’est un programme de formation au leadership pour les agents de santé : « C’est l’occasion de combler cette lacune. Le leadership devrait être enseigné dès le début de la formation. Les compétences d’une infirmière sont différentes de celles d’un dirigeant. Le leadership ce n’est pas avoir la haute main, mais prendre en main les personnes dont on a la charge. L’exercice de l’autorité consiste à voir s’élever ceux qui vous entourent, à faire en sorte que chacun y arrive. C’est comme être un parent. Les gestionnaires doivent aller ça et là et surprendre les personnes en train de faire les bonnes choses et non les mauvaises. »

Le Dr Chapman a déclaré que celles qui embrassent la profession requièrent l’appui de mentors. « Nous devons percevoir les dons des étudiants et des nouvelles infirmières, ainsi que leurs connaissances. Nous avons besoin d’eux pour nous renouveler. Il ne faut pas les écarter pour des choses qu’ils ne peuvent pas faire. »

Interrogé par M. Stewart sur la façon de se tenir les coudes, M. Sinek a répondu : « J’ai une règle avec mes amis : ne pas pleurer seul dans mon coin, car quand nous essayons de tout faire seul, la solitude s’étend. Il faut être avec les autres, mettre avec eux les mains dans le cambouis, et lorsqu’ils sont prêts, c’est là que je passe en mode ‘réglons le problème’. »

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